Le passage du Ballet national à Aïn Témouchent a été marqué de deux pierres blanches. Par ailleurs, la maison de la culture est devenue une destination reconnue dans la cité pour avoir réussi à fidéliser un public. Cela est d'autant plus remarquable que ce public se composait également de familles dont certaines sont venues de l'extérieur des murs du chef-lieu de wilaya. En outre et pour une fois, le Ballet national ne s'est pas présenté avec du réchauffé dans ses bagages même si le spectacle donné puisait fastidieusement dans la même veine que les dizaines de spectacles dansant et chantant que l'on voit fleurir sur les scènes nationales. Ainsi, avec pour titre El Chouala El Azalia (la flamme éternelle), le spectacle se coltinait au récurrent thème de « La patrie meurtrie et bien aimée, à travers les siècles ». Les noms de Houria Zoghbi, auteur ; du compositeur Noubli Fadel, à la musique et de Nourredine Zidouni, à la scénographie ainsi qu'un chorégraphe chinois, à la réalisation, Shun Jun Jun en l'occurrence, invitaient à voir le spectacle. Celui-ci est une épopée de l'Algérie à travers les millénaires, une épopée déclinée en quelques tableaux reproduisant des images d'Epinal. Le public les a applaudis sans réserve. La musique de Noubli Fadel est belle, particulièrement, lorsqu'elle se met à être lyrique et que Shun Jun Jun dessine dessus quelques jolies farandoles. Il reste que les trente-cinq danseurs n'étaient pas techniquement performants, manquant d'allant, de grâce et de vivacité dans leur évolution. Ce n'est qu'au second tableau, lorsque le spectacle quitta le terrain chorégraphique, c'est-à-dire des formes élaborées, pour se limiter à de festives danses du terroir, que les danseurs se libérèrent. Et au troisième tableau, ils épatèrent même la galerie, celle du public d'adolescents adeptes de break danse qui, habituellement, s'y adonnent à 300 m de là, sur un bout de gazon près de la wilaya. La scénographie de Zidouni, elle, est tout juste honnête. Cependant, il reste qu'en définitive, le public, lui, a passé un agréable moment, si l'on doit juger par le long standing ovation dont il a gratifié les artistes.