Le Centre hospitalier universitaire d'Oran (CHUO), salle de conférences du conseil scientifique (CCB) a abrité hier une journée d'études portant sur le thème «L'annonce du diagnostic». Au cours de cette journée organisée conjointement par l'Unité de recherches en sciences sociales et santé (GRAS) et le CHUO, le Professeur Farouk Mohammed Brahim, chef de service de chirurgie du cancer et modérateur, a fait part à la nombreuse assistance d'une étude faite à la clinique chirurgicale qui fait ressortir que les patients et patientes sont adressés au CHU uniquement. Il justifie son constat par le résultat assez significatif de cette étude. Un résultat qui fait ressortir que le diagnostic est annoncé dans 75% par les anatomo-pathologistes ou les radiologues, dans 20% par un médecin spécialiste ou généraliste et seulement 15% des malades l'apprennent au CHUO. Cet intervenant n'a pas manqué de signaler les aspects négatifs liés à cette situation. «Une société destructrice, une économie de marché débridée, laquelle a un effet négatif sur le renouvellement des équipements, sur l'acquisition de consommables ou encore des médicaments et enfin des lois obsolètes qui ne permettent pas une gestion rationnelle». Cependant, poursuit-il, «ces aspects négatifs ne doivent en aucun cas excuser la déshumanisation». Cette triste réalité que les citoyens décrient est reconnue par les pouvoirs publics au point où chaque ministre qui passe inscrit dans son programme l'humanisation des hôpitaux. Cet intervenant estime que cette humanisation est malheureusement vue sous un angle purement technique, l'hygiène, l'accueil des malades, sans jamais aller au fond du problème. L'autre aspect de la déshumanisation est l'annonce du diagnostic, «laquelle se fait d'une manière sèche, sans discrétion, même s'agissant de pathologies graves», affirme-t-il en conclusion. Lui succédant, le directeur du GRASC, le Professeur Mohammed Mebtoul considère pour sa part que l'annonce du diagnostic est liée à six éléments majeurs. «C'est un évènement important pour le malade, sa famille et le médecin. Il va ainsi être à l'origine d'une situation de rupture avec tout le passé du patient atteint d'une maladie grave. L'annonce de la maladie grave, poursuit-il, est l'amorce d'un processus complexe, fluctuant et incertain, marqué par des bouleversements majeurs dans la vie du malade et de sa famille (errance, examens, quêtes de soins, de médicaments divers, nouvelle organisation familiale, mobilisation du réseau familial, etc.). L'annonce du diagnostic dévoile aussi le type d'interactions qui s'est construit avec les médecins. La forme sociale, c'est-à-dire la manière de l'annoncer est centrale pour le malade et ses parents. L'annonce du diagnostic va profondément marquer l'identité du malade contraint de se construire un nouveau statut dans la société. La façon dont l'annonce du diagnostic a été interprétée ou perçue par le malade ou ses proches parents va nécessairement poursuivre le malade durant tout son parcours thérapeutique. Il faut donc souligner l'importance de la dimension psychologique et sociale de l'annonce du diagnostic qui ne se réduit pas à un acte banal, technique ou routinier, mais dépend bien souvent de la situation vécue par le malade. C'est bien la situation qu'il faut prendre en compte pour décider d'annoncer ou non le diagnostic», indique-t-il en conclusion.