Les postulants à l'aide publique pour la construction de leur maison butent sur des lourdeurs bureaucratiques qui freinent la réalisation de ce programme. Le programme d'aide à l'habitat rural avance à pas de tortue dans la wilaya de Boumerdès. Les mesures prises par les pouvoirs publics pour lever les contraintes à l'origine du blocage de ce programme n'ont pas eu l'effet escompté. La wilaya de Boumerdès occupe la dernière place à l'échelle nationale en termes de taux de réalisation des aides qui lui sont affectées par l'administration centrale depuis le lancement de ce programme en 2002. Les chiffres établis par les services concernés font état de 2959 constructions qui sont achevées à la date du 21 septembre de l'année en cours sur les 10 750 aides octroyées à la wilaya durant la période allant de 2002 à 2011. Les mêmes statistiques révèlent que 3423 constructions ne sont pas encore lancées, tandis que 4368 sont en cours de réalisation. Cette formule d'aide qui vise à stopper l'exode rural et réduire un tant soit peu la pression sur le logement social n'attire pas grand monde. Si les autorités locales se targuent d'avoir allégé les procédures à même de débloquer la situation, les postulants, eux, estiment que c'est tout à fait le contraire qui s'est produit. Les citoyens ayant exprimé le vœu de construire leurs propres habitations se heurtent encore à une multitude de difficultés. Dans certaines localités, l'on n'a même pas dépassé le nombre de 30 projets réalisés, comme ce fut le cas à Tidjllabine où l'on fait état de 18 habitations construites en 10 ans. Ce programme piétine même dans les localités rurales, à l'instar de Timezrit, Afir, Béni Amrane, Larbatache, Chabet-El-Ameur, où le nombre d'aides consommées n'a pas encore atteint les 200. Et pourtant, ce n'est nullement le nombre d'habitants ayant formulé leur demande pour en bénéficier qui manquent. Afir a eu droit à 820 aides ; mais seuls 160 bénéficiaires ont pu relever le défi. Dans la commune de Timezrite, plus de 511 personnes n'ont pas pu entamer les travaux de réalisation sur les 881 qui en obtenu la décision d'aide. Certains postulants expliquent ce retard par des lourdeurs administratives et la quantité importante de la paperasse exigé par les services concernés pour constituer leurs dossiers, précisant que les démarches ont été compliquées depuis janvier 2012. Les résidants des communes non cadastrées affirment que les services de l'APC mettent 5 mois pour établir le certificat de possession et 6 mois pour leur délivrer les permis de construire. S'agissant des localités cadastrées, les demandeurs doivent patienter au moins 4 mois pour obtenir le livret foncier et l'acte notarial. «Auparavant, il suffit d'établir un acte de donation à l'APC avec la signature de deux témoins pour avoir l'acte de possession, mais aujourd'hui on nous exige à ce que l'acte soit enregistré par les service des domaines. Et cela ne peut se faire sans passer par le géomètre», déplore un citoyen de Chabet-El-Ameur, où la taux de réalisation avoisine les 20%. Notre interlocuteur soulève, par ailleurs, les frais faramineux dépensés dans les travaux de fondation avant de bénéficier de la première tranche de l'aide. «En réalité, l'aide qui nous est attribuée par l'Etat est une forme de remboursement de l'argent dépensé dans le projet. Or, la majorité des habitants des zones rurales, n'ont pas de ressources leur permettant de réaliser les fondations», explique-t-il avant d'appeler les services concernés à augmenter le montant de l'aide à un million DA eu égard à la cherté des matériaux de construction et l'isolement des communes ciblées par ce programme. Aujourd'hui, d'aucuns estiment que l'Etat n'a pas fait grand-chose pour inciter les villageois à rester au niveau de leur terres. La preuve en est le nombre de localités qui se sont vidées de leurs habitants durant ces dernières années à cause la misère et la dégradation de la situation sécuritaire. Le développement des zones rurales de la wilaya passe avant tout par la mise en place de moyens et de mesures incitatives permettant aux «exilés» de regagner les terres de leurs aïeux.