Demain, deux jeunes harraga originaires de Mers El Hadjadj (50 km à l'est d'Oran) seront rapatriés à bord d'un pétrolier en provenance des Pays-Bas. Malgré l'introduction de nouvelles mesures de sécurité et la mise en place à travers toutes les enceintes portuaires nationales, notamment aux ports pétroliers, de l'ISM code maritime, de plus en plus de jeunes harraga tentent la traversée de la dernière chance vers le Nord. En effet, de nombreuses tentatives d'embarquement clandestin ont été déjouées par les services compétents, mais certains « irréductibles » arrivent, malgré les mesures draconiennes de sécurité, à embarquer et faire le voyage de leurs rêves. C'est le cas de deux jeunes originaires de Mers El Hadjadj qui ont, selon des sources bien informées, embarqué clandestinement le 9 mars du port d'Arzew El Djedid (Bethioua) à bord du pétrolier Stavanger Prince, battant pavillon norvégien. Malgré toutes les mesures de sécurité, les deux compères quittent le port, le 14 mars, à bord du navire à destination des Pays-Bas. Selon nos informations, les deux harraga n'ont été découverts qu'une fois arrivés à destination. Les mêmes sources, qui n'ont pas souhaité dévoiler l'identité des deux jeunes, nous confirmeront par ailleurs qu'ils seront rapatriés demain à bord du même navire qui s'apprête à accoster le port d'Arzew. Une fois débarqués, les deux « aventuriers » seront présentés aux autorités judiciaires pour leur inculpation d'« embarquement clandestin ». En dépit des mesures réglementaires dissuasives contenues dans les dispositions pénales de la loi du 27 juin 1988, complétant l'ordonnance n°76-80 du 23 octobre 1976 portant code maritime, des peines d'emprisonnement pouvant aller de six mois à cinq ans de prison et une amende variant de 10 000 à 50 000 DA à l'encontre des personnes qui s'introduisent clandestinement à bord d'un navire avec l'intention de faire une traversée, les statistiques démontrent l'ampleur d'un phénomène social sans cesse grandissant. En effet, malgré toutes les dispositions réglementaires, le nombre de candidats à l'exil forcé dépasse l'entendement. Pour l'année 1999, les autorités compétentes ont recensé pas moins de 175 tentatives d'embarquement à partir du port d'Arzew. Au cours de l'année 2000, pas moins de 133 jeunes ont été pris en flagrant délit de tentative d'embarquement clandestin. Les statistiques pour l'année 2001 et 2002 dépassent, selon une source autorisée, les 500 jeunes. Pour le seul port d'Oran, pas moins de 175 mineurs ont été appréhendés durant les onze premiers mois de l'année 2002. En août de la même année, les autorités espagnoles ont expulsé 299 jeunes clandestins vers Oran. Mais devant la monotonie, l'oisiveté et l'exclusion, le désir de prendre le large devient une obsession chez beaucoup de jeunes pour qui l'avenir est de plus en plus sombre.