Le port est enfin prêt à accueillir les 200 unités qu'il est censé abriter. Après 11 années de travaux interrompus et des rallonges budgétaires à profusion, le port de pêche de Salamandre vient d'être livré à la corporation des marins pêcheurs, mareyeurs et armateurs. Il aura épuisé pas moins de 4 directeurs de travaux publics et autant de walis. Même le ministre des Travaux publics, sans doute excédé de ne pas voir aboutir le chantier, avait fini par se détourner de sa visite. La structure est enfin prête à accueillir les 200 unités qu'elle est censée abriter. Le port de Salamandre vient d'être livré, à la grande surprise du ministre qui ne s'attendait pas à trouver un espace fonctionnel. Quand bien même les structures de servitudes, telles que la cale de hallage, la station à carburant et la pêcherie manquent terriblement à l'appel. Il est connu que sans ces 3 structures d'accompagnement, aucun port de pêche ne peut remplir convenablement sa mission. Celle qui consiste à offrir aux utilisateurs tous les moyens indispensables à leur activité. C'est pourquoi, sur une flottille de pêche comptant plus de 80 sardiniers et plus de 30 chalutiers, seule une dizaine d'armateurs ont fait le choix d'amarrer leurs navires aux quais flambant neufs de Salamandre. Une structure plus spacieuse et plus accueillante Lorsqu'on leur demande le pourquoi de ce désamour persistant, les patrons de pêche soulignent l'absence des structures de services, ciblant plus particulièrement la halle à poissons et le poste à gazole. L'absence de ces deux structures pénalise fortement les téméraires parmi les patrons de pêche qui ont fait le choix d'accoster dans la nouvelle infrastructure portuaire tout en continuant, bien malgré eux, à faire la navette avec l'ancien port où ils doivent impérativement débarquer leurs captures. En effet, en raison de l'exiguïté du quai faisant face à l'ancien local de l'ENAPECHE où s'organise la criée, les dizaines de sardiniers éprouvent toutes les peines du monde à débarquer les casiers de sardines. La cohue qui commence bien avant le lever du jour s'y poursuit souvent jusqu'au milieu de la matinée. Pour l'instant, rien n'a été fait pour que le poisson soit débarqué sur les quais plus spacieux et plus accueillants du port de Salamandre. Quant à sa commercialisation, personne n'ose imaginer qu'un jour elle puisse se faire à même le port de Salamandre, dont c'est la vocation naturelle. Pour une structure ayant englouti plus de 3,55 milliards de dinars, ça fait un peu cher payé la place à quai.