Photo : M. Hacène De notre correspondant à Béjaia Kamel Amghar Dans le secteur de la pêche marine, les règles sont peu respectées en Algérie. D'est en ouest, le repos pélagique qui concerne la période de reproduction et de régénération de la ressource, n'est qu'une simple notion théorique. Dans la pratique, on trouve à longueur d'année du poisson fraîchement capturé sur les étals des marchés. Et la taille du poisson est souvent inférieure à celle tolérée par la loi. A la pêcherie, que cela soit à Jijel ou à Béjaïa, on étale de très petites sardines dont la longueur ne dépasse guère les 5 centimètres. C'en est même un produit très prisé. Les restaurateurs et les ménages s'en servent pour préparer la bouillabaisse et divers bouillons. Ces prises, qui sont en vérité illégales, transitent le plus normalement par les ports où elles sont vendues aux enchères publiques avant d'atterrir sur les marchés de détail. Dans l'indifférence des autorités compétentes, les exploitants réduisent visiblement au minimum les mailles de leurs filets pour racler le fond marin de la sorte. L'absence de contrôle au niveau des halles consacre cette pratique contraire aux bons usages économiques et environnementaux. Malgré les assurances bureaucratiques des responsables locaux du secteur, le principe de «la pêche responsable» n'est qu'un slogan creux qu'on brandit accessoirement lors des rencontres scientifiques et des manifestations professionnelles. Après un supposé repos pélagique, nos valeureux pêcheurs ont donc repris du service à partir du 1er septembre dernier. La saison s'annonce fructueuse d'autant plus que le prix du poisson, suivant celui de la viande rouge, ne cesse de grimper.A Béjaïa, le secteur a bénéficié ces dernières années d'importants investissements publics. La réception imminente du nouveau port de Tala Ylef, situé sur la côte Ouest à 22 kilomètres de la ville, offrira un apport substantiel à la production halieutique. Cette importante installation, lancée en 2007 dans le cadre du Programme complémentaire de soutien à la croissance économique (Pcsce), s'étale sur 7 hectares de terre- plein et un plan d'eau de 6 hectares avec une passe d'une centaine de mètres linéaires. L'infrastructure, qui sera inaugurée très prochainement, comprend une cale de halage, une estrade de réparation et un poste d'avitaillement en carburants. Elle dispose d'une capacité d'accueil de 100 bateaux de pêche et, de 50 unités de plaisance. Ces concepteurs estiment que cette acquisition offrira 1 000 postes d'emploi directs et autant indirects pour une production annuelle projetée de 6 000 tonnes. L'ancien port de pêche, situé au cœur du port commercial, dispose de 2 quais de 120 mètres linéaires chacun, 26 ha de plan d'eau et plus de 5 000 mètres carrés de terre- plein. Il compte également 46 cases, une fabrique de glace et un poste d'avitaillement, et abrite 12 chalutiers, 27 sardiniers et plus de 160 petits métiers. Sa production annuelle oscille entre 3 500 et 5 000 tonnes. Au mois de mars de l'année dernière, les pouvoirs publics avaient annoncé l'inscription d'un troisième port de pêche à Beni Ksila (60 kilomètres à l'ouest du chef-lieu de wilaya). Le projet comprend deux appontements de 60 petits métiers et un quai de débarquement pour 20 bateaux (sardiniers et chalutiers), conçus pour employer 720 personnes et produire annuellement 2.200 tonnes de poisson. Des plages d'échouage sont également projetées dans plusieurs localités, comme Melbou et Souk El Thenine, afin d'aider les jeunes pêcheurs locaux à exploiter à moindres frais leurs petits métiers. Des fermes aquacoles ont également vu le jour, notamment à Tazeboujt (village de la côte ouest) où un éleveur privé s'emploie à produire plus 750 tonnes/an de loup et de daurade essentiellement. En somme, l'infrastructure et le patrimoine se développent rapidement et les potentialités locales en matière de pêche s'accroissent aussi.Il est impératif aujourd'hui de réfléchir sérieusement à la sauvegarde de cette ressource en imposant des règles très strictes aux exploitants. Lors d'une visite d'inspection au mois de juin dernier, le ministre de tutelle avait annoncé la dotation de chaque port d'une brigade de police de pêche pour veiller de près à l'application des textes régissant l'exploitation des ressources halieutiques. Il faut impérativement passer à l'action.