Le traitement de la douleur constitue, aujourd'hui, une préoccupation majeure des médecins. Elle doit être considérée, selon eux, comme toutes les autres pathologies.La douleur cancéreuse chez l'adulte ou chez l'enfant ainsi que la douleur orofaciale nécessitent une prise en charge thérapeutique. « L'essentiel pour nous est de sensibiliser tous les acteurs de toutes les spécialités confondues sur le traitement de la douleur », a déclaré le professeur Brahim Griene, président de la Société algérienne d'évaluation et de traitement de la douleur (SAETD) lors du 2e Congrès national de la douleur organisé, depuis hier, à l'hôtel Sheraton. Il estime que « le patient ne se résume pas à une addition d'organes formant un corps, mais à une personne avec un esprit et une sensibilité avec parfois des douleurs qu'il est nécessaire de prendre en charge par respect pour sa dignité ». Pour le président de la SAETD, le traitement de la douleur nécessite une cohésion à l'organisation de sa prise en charge, sans oublier de signaler que de nouvelles molécules peuvent venir en aide à ces patients, en particulier les enfants cancéreux. Considérée comme un véritable problème de santé publique, les différents intervenants ont insisté quant à la prise en charge de la douleur ; et de préciser qu'elle est d'une forte intensité chez les patients cancéreux, en se basant sur les résultats d'une étude qui a révélé que cette intensité est sévère dans 1/3 des cas, à la phase initiale de la maladie, et dans 2/3 des cas à un stade avancé. Des essais cliniques en cancérologie ont montré que plus de 41% des patients, présentant des tumeurs métastatiques solides, se plaignent de douleurs en rapport avec la maladie, mais seulement 58% d'entre eux bénéficient d'un traitement que l'on pourrait considérer comme satisfaisant. En revanche, une bonne prise en charge de la douleur a révélé que pour 70% des malades, la prise en charge satisfaisante et effective de la douleur a contribué à la facilitation de leur thérapie qui s'est traduite par l'amélioration de leur qualité de vie. Pour les 30% restants, le traitement nécessitait des soins palliatifs. Le professeur Griene déplore, par ailleurs, l'absence de législation en matière de prise en charge de la douleur, contrairement à ce qui existe de par le monde. Il plaide aussi pour la création d'un centre national de prise du traitement de la douleur, vu que le seul centre existant est au niveau du Centre Pierre et Marie Curie à Alger. Le professeur Griene prône pour la mise en place d'une législation concernant le traitement de la douleur et l'allégement de la réglementation de la prescription par le médecin de la morphine aux patients graves. Dans ce cadre, il a estimé que si la détermination des soignants à lutter contre la douleur est incontestable, elle requiert néanmoins une véritable démarche institutionnelle avec un contrat d'objectifs. « La législation en vigueur, régissant la prescription par le médecin de la morphine aux malades, est obsolète et doit impérativement être actualisée en fonction des nouvelles données sur le terrain », a-t-il ajouté. Actuellement, le médecin en charge du traitement de la douleur ne peut prescrire de morphine pour son patient que sur ordonnance sécurisée et pour une durée très limitée (7 jours) renouvelable. Ce qui rend le produit si précieux et introuvable en dehors de la capitale. Ce qui explique, en fait, le désintérêt des pouvoirs publics face à cette souffrance qu'on a tendance à banaliser.