Alger, jour de vote. En ce jeudi matin, la capitale grelotte, avec un petit 12° pluvieux dans le thermomètre. Quid de la température politique ? Virée à travers quelques bureaux de vote, de Bachdjarrah à Baraki. Il est presque 10h et la circulation est miraculeusement fluide. Halte au centre de vote de l'école Si El Haouès, au cœur de Bachdjarrah. Le centre compte 11 bureaux pour quelques 2702 inscrits. «Cela se passe le plus normalement du monde. C'est vrai que les intempéries ont quelque peu refroidi les électeurs, mais je pense qu'au fil de la journée, l'affluence sera plus importante», indique le chef du centre. A 10h, il n'est même pas utile de s'enquérir des chiffres. Trop tôt pour en tirer une quelconque conclusion probante quant aux tendances qui se dessinent. Il faut dire que par-delà les nombreux candidats en lice, deux camps se disputent âprement le scrutin, à savoir le vote ou l'abstention. 9 listes APC et 16 APW s'arrachent l'électorat local. «Certains ont du mal avec les listes, surtout les vieux», glisse un membre de l'encadrement. Zohir, 24 ans, conducteur d'engin, est venu accomplir son «devoir électoral». Sa réflexion résume le sentiment de nombre d'électeurs que nous avons rencontrés : il vote d'abord pour avoir la mention «intakhaba» sur sa carte d'électeur «pour le cas où»… «Votit hakdak bark (je vote juste pour la forme). C'est uniquement pour la carte…», confie-t-il. Et de marteler, catégorique : «Ma conviction est qu'il n'y a pas et il n'y aura pas de changement.» Même son de cloche chez Mounir, un chômeur pétillant rencontré à l'école des 621 Logements, à «Calytouss» : «Je vote blanc, juste pour le tampon. Pour le reste, je ne crois pas du tout à ces élections. C'est toujours le même blabla, et au final, ce sont les mêmes qui passent. Yakhtouna bark ! Moi, le seul candidat en qui je crois, c'est Bouteflika. Les autres, je ne leur accorde aucun crédit. Vous n'avez qu'à voir l'état de notre commune !» Un leitmotiv qui revient sur toutes les lèvres : l'héritage des mandatures précédentes, lesquelles, estime la majorité des citoyens sondés : «Madarou walou». A Baraki, au centre de vote Colonel Amirouche, sur 1721 inscrits, il a été enregistré 119 votants entre 8h et 10h et 429 votants entre 10h et 12h, soit un total de 548 à avoir glissé leur bulletin dans l'urne. C'est un peu la tendance : pas de rush à l'ouverture des bureaux. «Ce sont surtout les personnes âgées qui votent les premières», précise-t-on. «J'ai été observateur aux dernières législatives et c'était le même scénario : c'est à partir de 10h que ça s'anime, après, ça retombe à l'heure de la sieste, puis, ça redémarre en fin de journée», témoigne un observateur du PT. Un autre souligne, à juste titre, que «nombre de votants se trouvent être les proches, les cousins, les voisins ou les copains des candidats, ou simplement militants de son parti, du coup, ça draine du monde». Concernant le vote «féminin», l'argument que l'on entendra partout est que «les femmes ont tendance à voter l'après-midi, après avoir liquidé les tâches ménagères». Il n'empêche que nombre d'entre elles, des femmes d'un certain âge surtout, ont fait le déplacement, comme cette dame qui pénètre dans un centre de vote à Baraki en lançant tout à trac : « Jit en'voti âla Bouteflika (je suis venue donner ma voix à Bouteflika) !». La plupart des représentants des partis politiques interrogés n'ont pas eu à déplorer des dépassements notoires, hormis un cadre du FFS de la commune de Baraki qui nous a signalé des tentatives de la part de certains militants de partis ayant pignon sur rue d'influencer le choix des électeurs dans certains bureaux de vote. Qu'en est-il de l'influence de la météo : «Aucune !», tranche le directeur d'un bureau de vote : «Quand la conviction y est, rien n'arrête un citoyen résolu !» Une chose est sûre : le plus dur commence pour les «heureux élus»…