La visite de François Hollande en Algérie les 19 et 20 décembre est en soi «historique», «elle intervient alors que l'Algérie célèbre le cinquantième anniversaire de son indépendance», indique l'Elysée. Cette visite est portée par l'idée de «l'inscription de la coopération bilatérale franco-algérienne dans la continuité, la durée et la cohérence». Elle sera finalisée par l'adoption d'une déclaration commune. Paris. De notre correspondante Il y a de part et d'autre un souci partagé de relancer la coopération bilatérale», une relation «dense» mais qui «mérite d'être encouragée», avec l'ambition de «construire un partenariat d'égal à égal», ajoute-t-on de même source officielle. «La relation franco-algérienne est ancienne, marquée par la colonisation, par la guerre, par un conflit de mémoire important. Il ne s'agit pas pour le président Hollande d'évacuer ce passé.» Et de faire remarquer que les gestes qu'il a faits avant son élection et depuis qu'il est à la tête de l'Etat français montrent qu'il est «conscient de ce passé douloureux». «Même si on voulait l'occulter, ce serait impossible. Ce n'est pas le souhait du président Hollande.» Il reste que de part et d'autre, il est souhaité une «relation tournée vers l'avenir», «avec la conscience du passé mais sans être enfermés dans une discussion sans fin sur le passé». Il appartiendra au président Hollande de le dire en Algérie avec les mots qui sont les siens. La question de la repentance, selon l'Elysée, est une fausse question. La question est celle de la reconnaissance avec lucidité. La visite du président Hollande en Algérie sera actée par une déclaration conjointe, une sorte de feuille de route du développement des relations entre les deux pays dans leur globalité, que ce soit au niveau de la politique internationale, de la coopération économique, culturelle, scientifique. C'est d'une certaine manière la traduction du pacte d'amitié qui n'a pu voir le jour sous la présidence de Jacques Chirac. Une quinzaine d'accords seront signés Une quinzaine d'accords devront être signés par les deux parties. Ils concernent, entre autres, la ratification des instruments de l'accord de 2008 portant sur la coopération militaire, un secteur où la France était très présente jusque dans les années 1990. Un accord sur l'installation d'une usine d'assemblage de véhicules Renault, un accord sur la création d'une université technologique pour la formation de techniciens supérieurs dont l'Algérie a besoin. Des accords économiques impliquant des entreprises dont certaines, présentes depuis longtemps en Algérie, souhaitent élargir leur activité comme Alstom. Dans le secteur de l'énergie, l'Algérie fournit 12% de la consommation de gaz du marché français. Pour approfondir et entretenir le dialogue politique, la déclaration commune prévoit la création d'un séminaire interministériel qui réunira tous les ans les ministres impliqués par la coopération bilatérale. Concernant les visas dont le nombre atteint 200 000, d'ici la fin de l'année (plaçant les Algériens au deuxième rang après les Russes), il n'y a pas eu de demande de la part des autorités algériennes de traitement de ce dossier de manière particulière, souligne-t-on à l'Elysée. L'Algérie souhaite conserver l'Accord de 1968. «Nous sommes prêts à discuter de ce dossier sans préjugés», ajoute-t-on. Les entretiens officiels porteront, au plan international, sur le dossier du Sahel avec la question du Nord-Mali et de la lutte anti-terroriste, «un défi commun pour nos deux pays», indique-t-on de source officielle. «Il y a un consensus international sur le risque que fait peser AQMI ou le Mujao sur la stabilité régionale» et «la question d'AQMI et du trafic de drogue et d'armes nécessitent un traitement militaire». Et de relever que la discussion, au niveau des Nations unies, porte sur «les modalités de cette intervention». «Il ne faut pas que cela soit une intervention du sud du Mali contre le nord du Mali. C'est une intervention qui vise le terrorisme.» «Tout le monde n'a pas la même analyse sur Ançar Eddine ou le MNLA», pour ensuite avancer qu'il y a «un dialogue avec Alger sur le danger de l'insécurité dans la région du Sahel». Y a-t-il une offre de coopération militaire de la part de la France pour aider l'Algérie à sécuriser sa frontière avec le Nord-Mali ? «Je ne crois pas que ce soit la démarche d'Alger.» Les entretiens entre les chefs d'Etat français et algérien porteront également sur la question de la Méditerranée qui est «importante avec la relance du dialogue des 5 + 5 et de l'Union pour la Méditerranée sur de nouvelles bases», sur la crise en Syrie, sur le conflit israélo-palestinien. La question du Sahara occidental sera-t-elle abordée ? «Certainement.» Concernant les divergences de vue entre Alger et Paris sur des dossiers internationaux, comme certains de ceux cités précédemment, «nous ne sommes pas obligés d'être d'accord sur tout pour dialoguer. Ce qui compte c'est la qualité du dialogue». Les dossiers déclinés représentent «beaucoup de travail en perspective», pour leur mise en œuvre.