Dans le cadre de la célébration de la journée mondiale des Droits de l'homme, le centre de documentation en droit de l'homme de Béjaia, CDDH-Béjaia a organisé ce lundi 10 décembre un forum-débat au Théâtre régional de Béjaia, durant lequel plus d'une dizaine de représentants d'organisations et syndicats ont intervenu. Après une brève introduction sur la situation des droits de l'homme en Algérie, Hocine Boumedjane, responsable du CDDH-Béjaia a passé la parole à son collègue Said Salhi, membre du bureau national de la Ligue algérienne des droits de l'homme, LADDH, qui estime que le combat pour le respect des droits de l'homme en Algérie doit continuer dans la solidarité pour faire face à un régime qui ne donne aucun signe d'ouverture dans le domaine. Pour l'intervenant, les réformes initiées par Abdelaziz Bouteflika et les lois adoptées par l'APN qui devaient consolider la démocratie en Algérie sont malheureusement inefficaces. Pis, elles restreignent encore d'avantage le droit à l'expression, à l'organisation et au syndicalisme : «La liberté d'expression, d'association et d'organisation est systématiquement verrouillée l'administration reste maître de toutes les décisions», avait-il déclaré. Au niveau local, Said Salhi a révélé, à l'assistance l'existence d'un cas de torture dans la commune de Béjaia perpétré dans l'un des commissariats de la ville : «LADDH de Béjaia qui dispose d'une cellule d'écoute et d'assistance judiciaire a pu vérifier les déclarations d'une jeune fille qui accuse les agents de la BMPJ de Béjaia de l'avoir torturée dans l'un des commissariats de la ville», a déclaré Said Salhi qui précise que LADDH a déposé une plainte auprès du procureur de la République et épuisé toutes les voies de recours sans résultats. «Nous avons porté plainte contre la police judiciaire de Béjaia pour torture le 10 décembre 2011. Nous exigeons une enquête sur ce cas de torture et que le coupable soit introduit en justice», a-t-il précisé en soulignant que la jeune victime a subi une torture pendant les 04 jours de sa garde à vue pour témoigner dans une affaire de meurtre qui a eu lieu dans la ville de Béjaia : «La garde à vue en Algérie doit être contrôlée car elle renferme beaucoup de dépassements». Evoquant les rassemblements des militants des droits de l'homme organisés ces derniers mois en Algérie, notamment les militants de l'organisation des Disparus, des militants contre la corruption et les abus de pouvoir de toute sorte qui sont réprimés par les agents de police et les différents organes du ministère de l'Intérieur. «La répression est appliquée malheureusement avec la complicité de certaines organisations internationales», regrette Salhi qui cite en exemple la visite de la Haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, Navi Pillay en Algérie qui n'a fait que «cautionner et applaudir toutes les violations des droits de l'homme en Algérie», a-t-il précisé. Le conférencier s'est interrogé dans le même sillage pourquoi le gouvernement algérien refuse encore de recevoir le rapporteur de l'ONU sur les disparus ou encore celui sur le droit au logement ? «C'est une autre preuve de l'obstination de l'Etat à combattre les militants des droits de l'homme et des citoyens».