La formation de Bouguerra Soltani sait très bien que la majorité parlementaire étant détenue par le FLN avec 199 voix aura, à n'en pas douter, le renfort des 49 voix du RND. Avec seulement 38 voix au sein de l'APN, le MSP ne risque pas de peser lourd lorsque interviendra, prochainement, le vote des nouvelles dispositions du code de la famille. Son frère ennemi, El Islah, lui aussi foncièrement intéressé par ce code, ne lui sera pas d'un grand secours, même avec les 46 voix dont bénéficie, aujourd'hui, le parti de Djaballah au palais de Zighoud Youcef. S'ils arrivent à s'entendre, les deux partis n'auront, en fin de compte, que 84 voix « opposées » à faire valoir. Et ne pouvant compter sur Ennahda, un seul siège à l'APN, le courant dit islamiste n'aura finalement fait qu'occuper une scène politique désertée par les autres. A l'exception du PT (23 voix à l'APN) qui demande, quant à lui, l'abrogation pure et simple du code de la famille. Mais qu'est-ce qui motive tant le MSP à faire toute cette agitation autour du nouveau texte ? Lui qui a fait l'éloge du « rôle joué par la coalition présidentielle (FLN redressé, RND et MSP) afin d'asseoir la stabilité, la démocratie, l'unité nationale et l'ordre républicain » lors de la session ordinaire du majliss echoura tenu début juin dernier à Sidi Fredj à l'occasion du premier anniversaire de la disparition de Cheikh Nahnah ? Depuis cette date-là, le ton n'est plus apparemment le même. L'opinion publique s'attendait d'ailleurs à ce que c'est plutôt El Islah qui fasse beaucoup de bruit au sujet du code de la famille. Réputé être un parti islamiste très modéré, le MSP est en train de jouer à l'adversité face au travail gouvernemental. Cela au point d'amener le ministre de la Justice à soutenir que le texte « ne sera ni retiré ni soumis à un référendum » (voir La Tribune d'avant-hier). Or, quelques semaines avant d'ouvrir la polémique autour de ce texte, le MSP s'est préoccupé de la question des portefeuilles ministériels supplémentaires qu'il réclamait auprès du gouvernement. Une préoccupation qui s'estompe actuellement pour laisser place à « un engagement de principe pour une question (code de la famille) qui détermine l'avenir de la nation toute entière », comme ne cessent de le déclarer Bougerra Soltani ou Abdelmadjid Menasra. Au fond, les contradictions dans les positions politiques de ce parti font que ses sorties médiatiques soient interprétées comme des indicateurs de son état de santé. De tels déploiements cachent, en fait, mal les dissensions internes qui le marquent itérativement. Détrôné par El Islah lors des législatives du 30 mai 2002, le MSP s'est vu contraint de s'agripper, encore plus, à la coalition gouvernementale et envers laquelle une partie de la direction du MSP est souvent en désaccord. Et lorsque survient, une année plus tard, le décès de Mahfoudh Nahnah, c'est tout le parti qui perd ses repères. Deux évènements qui mettront à nu la fragilité de cette formation politique qui se trouve aujourd'hui face à elle même. Car, faute d'avoir un poids au sein de l'APN, le MSP tente de l'avoir au sein de l'Exécutif. Sa conviction étant que Bouteflika s'en tient (encore) à un gouvernement triptyque : RND (moderne), FLN (conservateur) et MSP (islamiste). Le cas du parti Ennahda reste pourtant à méditer.