La décision de Sonatrach de créer son propre réseau de distribution de carburant, parallèlement à celui de sa filiale Naftal, continue de faire des remous dans le milieu syndical de cette dernière. Après Alger, quelque 150 syndicalistes, cadres et travailleurs de cette entreprise prendront part aujourd'hui à une réunion à l'hôtel Seybouse de Annaba pour décider des suites à réserver à la décision de Sonatrach qualifiée par les syndicalistes de «plan de mise à mort de Naftal». Selon des sources sûres, cette réunion sera présidée par Beldjerdi Sid Ali, secrétaire général du syndicat de Naftal et patron de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie. A l'ordre du jour, l'étude de l'option de la grève générale dont le préavis pourrait être rédigé durant cette rencontre, avant d'être soumis à l'approbation lors d'une prochaine réunion similaire qui sera organisée à Oran. «Il y a 30 000 personnes qui dépendent directement de notre entreprise. Annoncer un réseau de distribution parallèle au nôtre est synonyme d'une mort programmée. C'est un plan qui a été mûrement réfléchi et planifié avant d'être annoncé par certains responsables de Sonatrach», estiment des syndicalistes rencontrés hier à Annaba. D'autres vont plus loin dans leur accusation, affirmant que «cette manœuvre vise à introduire des firmes étrangères spécialisées, telles que Shell et Total, qui seront implantées tout le long de l'autoroute Est-Ouest. Mais cette option n'arrangera jamais le consommateur algérien, car ces dernières exigeront la liberté des prix alors que le carburant algérien est subventionné par l'Etat». Pour expliquer cette option envisageable, la même source précise que «si Total et Shell accédaient au réseau de distribution, Sonatrach serait devant un dilemme. Soit les compagnies étrangères bénéficieront de la subvention accordée aux consommateurs algériens, ce qui n'est pas envisageable, soit Sonatrach généralise la liberté des prix, ce qui révoltera les Algériens tel que ce fut le cas en Jordanie. A moins que Sonatrach prépare déjà la levée de la subvention sur ses produits». Si l'option de la grève se maintient, c'est la crise généralisée dans tout le pays, notamment les wilayas des Hauts-Plateaux et de l'intérieur, d'autant plus qu'on est au début de l'hiver. Une saison que les spécialistes de la météorologie annoncent très rude (froid et neige). Plusieurs millions d'habitants, pour mémoire, ont vécu le calvaire l'hiver dernier, alors que le réseau de Naftal tourne à pleine vitesse. La distribution du gaz butane et du fuel avait connu une sérieuse crise, et la pénurie s'est installée. Dans son combat contre cette énième tentative de démanteler Naftal, le syndicat, qui a reçu le soutien de son homologue de Sonatrach, rappelle qu'«en 1986, Naftal avait déjà vécu une situation similaire qui lui a valu l'escamotage de son importante structure de raffinage sous prétexte de restructuration du secteur. Depuis, l'entreprise a fait face à d'innombrables obstacles dont l'accès aux produits de consommation qu'elle commercialise. Ce qui explique la lenteur de son développement».