Adopté à l'issue de l'assemblée générale du syndicat des chauffeurs de taxi, le mouvement de grève qu'observe la corporation, depuis deux jours maintenant, semble bien parti pour s'inscrire dans la durée. Selon les termes des deux communiqués qui ont ponctué cette action, l'anarchie qui prévaut sur le réseau d'exploitation urbain de la ville d'El Bayadh est à l'origine de cette protestation. La prolifération d'intervenants au noir, qui empiètent sur les plates bandes des transporteurs autorisés constitue, aux yeux de ces derniers, une concurrence déloyale, à plus forte raison lorsque ces véhicules qui investissent le créneau en question ne peuvent se targuer d'aucune qualification. Les protestataires évoquent à ce propos le nombre incalculable, qui a été de 70 il y a quelque temps seulement, de transporteurs clandestins, des fonctionnaires pour la plupart, soucieux d'arrondir leur fin de mois et qui arrivent régulièrement sur ce marché très lucratif. Et surtout, continueront-ils, s'il ne s'agissait que de personnes sans emploi, passe encore, mais ce sont des individus relativement aisés qui participent à l'encombrement de cette activité dont certains avec des véhicules flambant neufs qui peuvent coûter un million de DA. S'étant attendu, de la part des pouvoirs publics à des mesures plus radicales et des effets à leur avantage plus bénéfiques, à la suite des deux grèves précédentes, les chauffeurs de taxis reviennent, donc, à la charge en optant cette fois pour la sensation. Puisque aussi bien les accotements de la grande place qui jouxte le siège de la fédération locale de l'UGTA que ceux des artères qui y aboutissent ont été, à longueur des deux jours passés, occupés par une file impressionnante de véhicules en tout genre, l'enseigne rabaissée. Créant une animation particulière, au cours de laquelle des prises véhémentes entre récalcitrants et sympathisants ont été observées. Sur les 289 taxis qui desservent le tissu urbain, 214 se sont ralliés, pour l'heure, au mouvement de grève, selon le responsable de la section communale du syndicat, soit 95% de participation, avec le maintien d'un service minimum au profit des usagers. « Une minorité seulement », nous précisera le directeur des transports de wilaya que nous avions joint alors qu'il était justement, ce lundi, en réunion avec les représentants des grévistes. Il nous assurera que ces difficultés ne tarderont pas à être aplanies et qu'il nous en tiendra informés à l'issue de ces pourparlers. Les protestataires, pour leur part, se disent déterminés à maintenir leurs revendications et d'en envisager le durcissement si nécessaire. Comme nous l'affirmera l'un d'entre eux qui plaide pour un dépôt massif des livrets d'exploitation au niveau des bureaux de l'UGTA et, mesure extrême, adopter l'activité irrégulière de leurs protagonistes. A l'image de ce qui a déjà été observé lors des mouvements de contestation précédents, il est attendu des mesures concertées entre les différents services pour tenter de circonscrire les abus sans pour autant les faire disparaître totalement.