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Qui se souvient de « Ras El Aâm » ?
Les fêtes populaires traditionnelles en perdition
Publié dans El Watan le 07 - 01 - 2013

Ras El Aâm, que d'aucuns assimilent au nouvel an berbère, coïncidant ave le 12 du mois de janvier, n'était pas fêté avec faste, mais il avait sa présence dans les fêtes traditionnelles locales de plusieurs localités de la wilaya de Jijel relevant de la petite Kabylie.
Dans les us et coutumes répertoriés à travers les recherches effectuées sur le nouvel an berbère, cette date a toujours été un événement que chaque région célèbre à sa manière. «On tient toujours au même rite, même si les données ont quelque peu changé, mais dans notre famille on essaye de préparer le repas traditionnel de Ras El Aâm», confesse une femme native de la région d'El Ancer, à l'est de Jijel. Hormis la coutume de la visite de la nouvelle mariée à sa famille et ce repas copieux, œuvre d'un savoir-faire culinaire qui résiste encore à l'acharnement d'une cuisine qui s'éloigne des traditions ancestrales, aucune autre cérémonie à caractère culturel ou religieux n'est, cependant, connu dans les célébrations de la fête de Ras El Aâm. Le savoir-faire des mères et des grands-mères acquis à l'habilité de leurs mains, restent jusqu'à nos jours la clé de la réussite de ce mets copieux.
Le plat de Ras El Aâm est, en fait, le fameux Rfis, nom local dans la région d'El Milia, préparé à base de feuilles de semoule très fines et transparentes qu'on laisse cuire sur un ustensile en argile cuite, avant de l'arroser, une fois émietté, par une succulente sauce à base de divers légumes, de pois chiche, avec comme viande, du poulet. «La nuit de Ras El Aâm était un festin pour toute la famille ou chaque membre a droit à son poulet à lui, le tout, on le sert dans une convivialité absolue autour des crépitements d'un petit brasier», se souvient une octogénaire. Dans le bouillon du poulet et des légumes, l'on n'oublie pas, se rappelle notre vieille dame, de tromper une pâte préparée à base de semoule, toujours, mais avec lequel on ajoute des œufs, du poivron noir et de l'huile d'olive qu'on met dans un petit sac en tissu. Une fois prête, la pâte, devenue dure, qu'on désigne par le nom de Boukhabbouz, est découpée en morceau qu'on sert avec le poulet et le Rfis.
Le goût est un délice, ravissant tous les membres de la famille. Depuis un certains temps, cette tradition culinaire de Ras El Aâm n'a plus cours et rares sont ceux qui la perpétuent encore. Dans les régions de la Petite Kabylie, cet événement semble perdre de son ancrage, au grand dam des nostalgiques de ces moments de convivialité familiale. Mêmes certaines autres fêtes populaires, comme celle du printemps, qu'on fêtait jadis avec enthousiasme et ferveur, est perdue. Excepté la préparation d'un gâteau, appelé Labradj ou L'kassra Di Batmar (galette aux dates), la fête du printemps, tout comme celle de Ras El Aâm, ne sont plus que des souvenirs vivaces dans les mémoires de ceux qui les ont vécus ! Le comble, c'est qu'il n'y a aucun travail de mémoire pour retracer les péripéties de ces dates et les transmettre aux générations qui auront à s'intéresser aux traditions de la région.


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