Photo : S. Zoheir Par Ali Boukhlef Abdellah Djaballah veut toujours croire en sa bonne étoile. Après avoir tout perdu -ou presque- sur le plan légal, le chef islamiste revient cette semaine sur la scène publique pour annoncer la création d'un nouveau parti politique. C'est du moins ce qu'affirme un communiqué émanant de ce qui lui reste du parti El Islah. Le document est signé par le président du conseil consultatif, Djilali Boumediene. Il fait état d'une réunion, tenue samedi dernier au siège d'El Islah à Bir Mourad Raïs, à Alger. La rencontre a réuni, selon le document qui porte l'entête du conseil consultatif, «le président du conseil consultatif légitime et les chefs de bureaux de wilaya».Seulement, près de deux ans après la décision de justice –rendue par le Conseil d'Etat- le leader islamiste utilise toujours le sigle du parti qu'il a lui-même créé en 1999, après avoir été forcé à quitter son premier «amour», Ennahda, devenu aujourd'hui un simple sigle parmi tant d'autres. Et la réunion de samedi dernier est une occasion pour Djaballah et ses partisans d'annoncer les «préparatifs pour la création d'un parti politique ouvert aux énergies de la nation conscientes de leur rôle de messager dans la vie et prêtes au combat sincère et la construction sérieuse pour l'avènement du changement attendu à travers le choix d'une activité politique officielle et publique au service de la religion et du pays». Cette phrase résume à elle seule la teneur du parti politique que le chef islamiste veut lancer. Si le sigle sera probablement nouveau, le programme ne sera pas différent des précédents. Il s'appuie essentiellement sur l'islamisme politique qui a constitué le sacerdoce de Djaballah depuis très longtemps. Pour parvenir à cet objectif, dont la réalisation sera tributaire bien entendu de la réaction de l'administration, un comité préparatoire sera incessamment mis en place. Avant d'opter définitivement pour cette option, l'ancien président d'Ennahda a déjà tenté plusieurs options. La remière a consisté en la récupération, par la voie judiciaire essentiellement, de son parti, le MRN (Mouvement pour le renouveau national, El Islah). Après plusieurs tentatives, la justice a définitivement tranché en faveur de ses adversaires, à savoir Mohamed Boulahia, aujourd'hui en dehors du parti, et du candidat à l'élection présidentielle d'avril 2009, Mohamed-Djahid Younsi. Ces derniers, accompagnés par d'autres cadres, accusent Djaballah de détournement et de l'utilisation du parti pour des intérêts personnels. Cette option ayant échoué, Djaballah change de stratégie. Il lance un appel aux cadres de son ancien parti, Ennahda (Renaissance, créé au début des années 1990 par des militants issus des Frères musulmans), pour un congrès réunificateur. Bien sûr que l'ancien candidat à la présidentielle de 2004 (classé troisième dernière Bouteflika et Benflis) a tenté, à travers cette initiative, de trouver un cadre légal pour se relancer. Mais l'essentiel des cadres d'Ennahda ont fait échouer la tentative, dénonçant les visées d'un homme qui veut se mettre tout de suite à la tête du parti. Cela n'a pas plu, et le «cheikh» a donc perdu une autre bataille.L'homme ne lâche pas prise et tente de récupérer plusieurs cadres d'El Islah. Il aurait même placé des candidats, officiellement indépendants, pour les élections législatives de juin 2007. Pendant ce temps, son ancien parti, aujourd'hui présidé par Djamel Benabdesselam, a perdu du terrain. El Islah est, en effet, passé d'une trentaine de députés en 2002 à trois actuellement. Cette annonce est donc la troisième tentative de Abdellah Djaballah de créer un parti politique. Sera-t-elle la bonne ?