La fête de Yennayer crée une ambiance des grands jours où un soin particulier est mis dans la préparation du traditionnel plat de couscous. La fête de Yennayer, début de l'an berbère, permet d'évoquer toutes les recettes culinaires qui accompagnent les différentes festivités organisées à cette occasion. Depuis la nuit des temps, Yennayer est synonyme de saveurs et de plats divers que les familles concoctent en cette occasion. En temps normal, on n'exige pas le respect des traditions pour préparer le couscous et le bouillon qui l'accompagne. Cependant, à l'occasion de l'arrivée de Yennayer, c'est à un véritable voyage dans les profondeurs des traditions que les nombreuses mères et grands-mères nous invitent. Dans les ménages de la région Nath Yedjar, c'est le retour aux sources pour retrouver les saveurs du passé tant elles manquent aujourd'hui. On ne préconise jamais la manière actuelle de préparation du couscous, cela serait une énorme entorse aux traditions culinaires ancestrales qui ont été léguées par les aïeuls. Une semaine avant l'arrivée de Yennayer, de nombreuses familles s'y préparent comme on se prépare pour le Ramadhan ou la fête de l'Aïd. Le couscous reste le maitre de cérémonie pour cette grande fête amazighe. Il est aux Maghrébins ce que les pâtes sont aux Italiens et le riz aux Chinois. On le prépare avec la semoule d'orge, de blé et même de glands. On se prépare à passer une bonne soirée de communion et de dégustation. Si le couscous reste le plat de tous les ménages, le bouillon qui l'accompagne diffère d'une famille à une autre. La viande blanche de poulet semble convenir dans tous les plats familiaux. Certains préfèrent acheter un poulet vivant qui sera immolé, déplumé et cuit le jour du repas de veille, le dîner de Yennayer (Imensi N Yennayer). D'autres préconisent le poulet de basse-cour, qui offre une chair rougeâtre et donnerait la meilleure saveur au repas de Yennayer. Le bouillon pourrait être préparé avec des légumes secs (pois-chiches, pois cassés, haricots, fayots ou mangetout...etc.). Les morceaux de poulet et de viande doivent être coupés en parts égales et cuits. Dans le plat, c'est le régal d'un couscous exquis au poulet et aux légumes. C'est ainsi qu'on savoure les délices de ce repas de préférence sous la lumière de bougies. Un autre plat de couscous aux œufs durs est préparé et chacun doit déguster sa part dans cette ambiance festive inhabituelle. Tout le monde pourra ainsi apprécier les envolées de parfums culinaires que dégage le couscous du jour. Le rituel de Yennayer est aussi accompagné de la première coupe de cheveux pour les petits enfants en leur préservant quelques mèches au dessus du front. Dans la soirée, on veille un peu tard pour accueillir le nouvel an amazigh. Les vieilles prient pour que l'année soit prolifique en produits alimentaires et que la famille ne se retrouve pas dans le besoin. Pour cela, avant la prière d'El fedjr, les vieilles poussent des youyous discrets sur les «Ikoufène» et les jarres d'huile.