La responsabilité de l'Espagne dans la situation que vit le peuple sahraoui est souvent, voire de plus en plus rappelée par différents biais, jusque et y compris dans le Parlement obligé alors d'en prendre acte malgré au moins les différences d'appréciation du PSOE, le parti au pouvoir, lequel, rappelle-t-on, avait opéré sur la question une rupture en règle avec son prédécesseur. Pas plus tard que mercredi, le chef de la diplomatie de ce pays déclarait peu avant l'arrivée à Madrid du secrétaire général de l'ONU que la position de l'Espagne sur le conflit est la « recherche d'une solution juste, durable et mutuellement acceptable, prévoyant l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental ». Et d'ajouter : « Le Conseil de sécurité doit être notre point de référence essentiel pour trouver une solution, en accord avec les principes de la légalité internationale et les engagements pris par les Nations unies tout au long de leur histoire. » Ce qui laisserait entendre que Madrid aurait définitivement renoncé à son idée de réunir un sommet quadripartite qui se tiendrait sans les Sahraouis. Mais quelque part, il y a problème qui n'a pas laissé indifférents les responsables sahraouis. Le gouvernement de la République arabe sahraouie et démocratique a « vivement regretté » l'attitude du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, pour avoir déclaré que « la création de la RASD est contraire avec le principe de l'autodétermination ». Que dire dans ce cas des dizaines de pays qui ont reconnu la RASD, et qui ne ratent pas la moindre occasion pour rappeler à l'Espagne sa responsabilité historique pour avoir cédé à une puissance tierce, un territoire qui n'est pas le sien ? Il se trouve, d'autre part, que le Front Polisario, mouvement de libération reconnu comme la partie en conflit avec le Maroc puissance occupante, a aussi accepté le principe de l'autodétermination à travers lequel les électeurs sahraouis doivent choisir entre l'indépendance et le rattachement au Maroc. Un risque que ce dernier refuse de prendre, lui préférant « un vote confirmatif » de son occupation. L'histoire a enregistré de nombreux gouvernements provisoires ou en exil, pourtant l'essentiel réside dans l'unique fait de rendre justice au peuple sahraoui spolié de ses droits par l'accord de Madrid de 1975. D'ailleurs, le Maroc s'est vu refuser par l'ONU, le statut de puissance administrante. Un verdict sans appel. « La RASD et sa proclamation répondent aussi bien au droit de libre autodétermination consacré par l'ONU et l'OUA comme à la volonté du peuple sahraoui quand il fut abandonné pieds et poings liés (par l'Espagne) pour être exterminer », a ainsi souligné le ministre de l'Information, Sid Ahmed Batal, cité par SPS. Pour le Gouvernement sahraoui, « c'est plutôt l'occupation d'une grande partie de notre territoire par le Maroc qui est en contradiction avec le principe de l'autodétermination des peuples », sachant que « la résolution 2625 de l'AG de l'ONU l'assimile à un crime international ». Ce principe a été rappelé avec force par le président de la Commission africaine. La RASD est « membre à part entière de l'Union africaine (UA) », et celle-ci « ne prévoit aucune modification à cette décision qui a été adoptée par les chefs d'Etats africains », a affirmé mercredi à Madrid Omar Konaré lors d'une conférence de presse conjointe avec Miguel Angel Moratinos, à l'occasion de la signature d'un mémorandum d'entente entre l'Espagne et l'UA. Le président de la Commission africaine a, en outre, souligné que « la position africaine a été décidée souverainement par les chefs d'Etat qui maintiennent en toute autorité leur position ». Ce qui devrait être clair.