La sanglante prise d'otages au complexe gazier d'In Amenas est-elle de nature à freiner la dynamique d'investissements dans le secteur algérien des hydrocarbures ? Même si le choc des images et des commentaires a fortement bouleversé les opinions publiques à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, rien n'indique qu'ils influenceront durablement les compagnies pétrolières étrangères essentiellement polarisées sur le potentiel phénoménal de profits qu'elles peuvent tirer des gisements d'hydrocarbures. Aucun conflit armé (guerre en Irak), aucune action terroriste aussi forte soit-elle (attaques de sites pétroliers au Nigeria), aucune crise politique majeure (Venezuela, Libye) n'a réussi à stopper des activités de recherche et d'exploitation de pétrole et de gaz naturel dans aucun des pays concernés. Il ne faut pas oublier que c'est durant la décennie noire que l'Algérie a accueilli sur son sol de nombreuses compagnies pétrolières étrangères, notamment américaines. Il est évident que de tels conflits, parfois provoqués expressément à cet effet, contribuent à renchérir les prix des produits d'hydrocarbures et, par conséquent, rendre ces produits plus lucratifs et les investissements plus rentables. Exploiter des gisements d'hydrocarbures est, par ailleurs, une aubaine, aussi bien pour les compagnies étrangères qui ont eu la chance d'obtenir de l'Etat algérien des autorisations d'exploitation, que pour leurs pays d'origine qui se donnent ainsi des chances de sécuriser leurs approvisionnements. Il ne serait donc pas étonnant que ce soient ces derniers qui incitent leurs sociétés pétrolières à persévérer dans l'exploration et l'exploitation des gisements, voire même à y promouvoir des investissements censés augmenter leurs performances productives. Les compagnies pétrolières étrangères ne resteront évidemment pas inactives face aux divers périls auxquels elles sont quotidiennement exposées. Le niveau de sécurisation sera sans doute renforcé à volonté en faisant davantage appel aux forces publiques et en procédant au recrutement de nombreux agents et à l'acquisition de moyens matériels plus performants. La facture du gardiennage des sites sera certes plus élevée, mais aussi importante qu'elle sera, elle ne représentera qu'un pourcentage minime des chiffres d'affaires faramineux que ces compagnies réalisent. Il ne faut, par ailleurs, pas perdre de vue le rôle déterminant que sont appelées à jouer les grandes compagnies d'assurance chargées d'indemniser les sociétés concernées par ce genre de périls. Il est fort possible que les primes d'assurance soient revues à la hausse suite à l'agression terroriste du complexe gazier d'In Amenas, mais ce relèvement des frais d'assurance ne pèsera pas lourd comparé aux gigantesques profits qui seront générés par l'exploitation des gisements d'hydrocarbures. En favorisant encore davantage l'investissement étranger au moyen d'une panoplie de mesures incitatives, la très prochaine révision de la loi sur les hydrocarbures est, il est important de le souligner, de nature à favoriser l'ancrage de nombreuses sociétés pétrolières internationales en Algérie. Les investissements étrangers dans les domaines de la recherche, l'exploration, l'exploitation, le transport et la transformation des hydrocarbures ont, par conséquent, encore de beaux jours devant eux.