Avec le soutien des autorités et l'apport de l'Anem, l'union des boulangers envisage de recruter et de former de jeunes travailleurs, pour sauver un métier qui risque de disparaître. La crise de pain perdure à Constantine. La wilaya a enregistré depuis 2004, la fermeture de plus de 434 boulangeries sur un total de 517 titulaires de registre de commerce, selon les chiffres communiqués par la direction du commerce en mars 2012. Depuis des années, les gens de la corporation n'ont cessé de tirer la sonnette d'alarme, s'inquiétant sur l'avenir d'un métier qui devient de plus en plus boudé. A ce sujet, le président de l'union de wilaya des boulangers, Abdelaziz Bouguerne, dira: «La marge bénéficiaire très maigre est la cause de ce désintéressement affiché. Nous savons tous que, contrairement à d'autres produits et services qui connaissent une augmentation progressive en terme de tarification, le prix de la baguette est depuis l'année 1996 fixé à 7,5 DA, c'est vrai que l'Etat soutient le prix de la farine, mais que dire des autres ingrédients comme le sel, l'huile, le sucre, l'eau, dont les prix sont montés en flèche! Que dire aussi des factures bien salées à payer à l'exemple de celle de l'électricité, du gaz, de l'eau, de la location, du transport, etc. Ces charges ont ruiné le boulanger, même la réglementation qui organise l'exercice n'est pas flexible, elle est dépassée par le temps et devra faire l'objet d'une révision générale.» Et d'ajouter : «D'après ma longue carrière de boulanger, je suis sûr que les 83 boulangers de la ville qui résistent encore, ont pour la plupart hérité ce métier noble de père en fils et qu'ils sont arrivés à le préserver grâce à la solidarité familiale.» La situation est alarmante, plusieurs cités de la ville ne comptent aucune boulangerie, à l'exemple de la cité des Frères Ferad (Zouaghi) et celle de Kaddour Boumedous, laquelle abritait auparavant trois boulangeries. Ces dernières ont, pour une raison ou une autre, baissé rideau. Questionné sur les raisons ayant contribué à ce que ce phénomène prenne de l'ampleur dans la ville des Ponts, notre interlocuteur répondra : «La marge bénéficiaire n'est pas intéressante, au vu des frais engagés.» Afin de faire face à cette crise, l'on préconise entre autres solutions le recrutement de jeunes par le biais de l'Anem, selon Abdelaziz Bouguerne. «Nous allons nous entretenir très prochainement avec le responsable de l'Anem pour le recrutement de travailleurs dans le cadre de l'emploi de jeunes, car la main-d'oeuvre est en nette régression ; la majorité des employés ont rendu le tablier, ils réclament un salaire digne de ce nom, que l'employeur ne peut pas satisfaire», a t-il ajouté. Tout en précisant qu'un seul boulanger pourra recruter grâce à ce dispositif de l'Anem jusqu'à 5 jeunes, chose qui permettra, selon lui, d'augmenter la production quotidienne du pain par boulanger, qui est actuellement d'une moyenne de 4 quintaux/jour, soit environ 1600 baguettes/jour. Notons que cette possibilité de recrutement est encore en phase d'étude. Il est à relever que ces problèmes ont été débattus lors d'une récente réunion ayant regroupé les boulangers et le wali, qui s'est enquis de la situation professionnelle des boulangers et de la réalité du marché du pain dans la wilaya.