Les élèves des localités rurales dans la wilaya de Boumerdès ne bénéficient pas vraiment d'égards de la part des responsables du secteur éducatif par rapport à leurs camardes des centres urbains. C'est le cas de le dire, car de nombreux établissements des communes déshéritées de la région ne sont pas dotés en cantines scolaires alors que d'autres comme ceux du chef-lieu de wilaya en sont bien nantis en la matière. L'exemple le plus édifiant qui illustre cette amère réalité nous vient du CEM de Timezrit où les collégiens vivent, depuis trois décennies, le calvaire de l'absence de cantine scolaire. La plupart des élèves de cet établissement suivent leurs cours le ventre creux. Les plus chanceux d'entre eux se contentent d'un petit bout de pain et une portion de cacher qu'ils consomment à l'air libre en milieu de journée avant de regagner leurs classes, sises à plusieurs kilomètres de leurs domiciles. Même les restaurants sont inexistants dans cette localité qui culmine à 1000 m d'altitude. «Il n'y a qu'un seul gargotier ici et nous n'avons même pas le temps d'y prendre des sandwiches, car nous sortons des classes à 12h30 et nous y reviendrons à 13h», déplore Hamid. Ce problème dure depuis plus de 20 ans. L'image des élèves errant dans tous les sens à la recherche d'endroits idéals où ils peuvent «casser» la croute à midi n'a pour l'instant fait réagir aucun responsable. Auparavant, les collégiens prenaient des repas chauds avec les élèves de l'école primaire des frères Aït Chaouch. Cela avait duré jusqu'au milieu des années 1995. A cette époque, les hordes intégristes s'en étaient pris à la cantine en incendiant tout ce qui se trouvait à l'intérieur. Il a fallu attendre plus de 10 ans pour que la cantine soit reconstruite et mise en service à nouveau. Mais cette fois-ci, seuls les élèves du primaire avaient le droit d'y prendre leurs repas malgré que les deux établissements soient implantés l'un à coté de l'autre. Les collégiens en sont exclus, on ne sait pour quelle raison, puisque la cantine est largement spacieuse et pourrait accueillir les élèves des deux écoles à la fois. À défaut de dégager le budget nécessaire pour mettre un terme au jeûne prolongé auquel sont astreints les collégiens de cette localité, les responsables concernés tentent de faire croire qu'ils avaient projeté une nouvelle cantine au niveau du CEM. Or, logiquement, la priorité voudrait que l'on fasse fonctionner plutôt celles, au nombre d'une centaine environ dans la wilaya, où l'on sert des repas froids à cause du manque de personnel et d'équipements de cuisine.