Fêter le Mawlid Ennabaoui, la naissance du Prophète Mohamed, en Algérie est traditionnellement accompagné d'explosions de pétards et de feux d'artifices le jour même de la commémoration. Cela peut durer du coucher du soleil jusqu'à l'aube. Pour cette année, le Mawlid sera fêté le 11 avril. Un peu partout, dans tous les coins d'Algérie, on entendra les bruits des pétards, des double-bombes et autres fusées. Les étals des revendeurs des produits pyrotechniques prolifèrent à la grande joie des petits comme des grands. La capitale demeure l'une des villes où ces produits se vendent bien. Les revendeurs, des écoliers pour certains, sèchent les cours pour se consacrer entièrement à ce commerce informel. Un jeune de 15 ans dit avoir beaucoup plus d'intérêt à revendre des pétards qu'à aller à l'école, appuyant qu'« il n'y a que le commerce qui marche dans le pays ». Il ajoute que son frère ne trouve pas de travail malgré son diplôme universitaire. D'autres, comme Rachid, étudiant, révèlent s'adonner à cette activité chaque année « pour se faire un argent de poche ». Les marchandises sont importées de partout, d'Europe et surtout de Chine. « Les produits de cette année sont de meilleure qualité que ceux de l'an passé », nous a-t-on assuré du côté des détaillants et des consommateurs. Quand on demande d'où provient la marchandise, des villes comme Oran et El Eulma son souvent citées. A Bab El Oued, des gens s'arrêtent devant les étals garnis de différents produits pyrotechniques pour demander les prix ou juste pour jeter un coup œil. Les prix des produits sont plus bas que l'année écoulée car plus abondants, d'après des revendeurs. Un vieil homme se plaint de la dangerosité des pétards et met en garde des enfants qui jouent avec, leur demandant de faire attention. Chaque année, plusieurs accidents dont certains sont graves, liés à l'insouciance de quelques personnes face à ces produits dangereux sont enregistrés aux services des urgences des hôpitaux. Une femme dit ne pas supporter le bruit engendré par l'explosion des pétards. « C'est une agression sonore », lance-t-elle. Une vieille femme exhorte un revendeur à laisser tomber la vente de ce qu'elle nomme « des jouets du diable », et le commerçant de lui répondre affectueusement : « el khobza ya yema » (c'est mon gagne-pain). Les revendeurs de pétards écoulent leurs marchandises « presque sans problème », même s'il y a des opérations de saisie effectuées par les forces de l'ordre, qui débarquent de temps à autre à l'improviste.