Secret de Polichinelle, les pays africains, producteurs de pétrole et de gaz, ne semblent pas profiter de ce don du ciel, poussant bien des analystes à estimer que le génie des gouvernants africains, réside dans leurs capacités à transformer des richesses inestimables en... poches pauvreté. Rencontré en marge des travaux de la rencontre de la Cnuced à Alger, le responsable Finance et Energie de cette institution relevant des Nations Unies, Lamon Rutten s'être félicité de la " réussite " de la rencontre d'Alger, vu le " niveau de participation " et les multiples possibilités qu'offrent ce genre de conférences pour " nouer des contacts fructueux entre différents partenaires ". Mais une fois dans le vif du sujet, notre interlocuteur s'est vite départi de sa réserve pour avouer que le pétrole pour beaucoup de pays africains, notamment subsahariens a contre toute attente, constituée pour eux une véritable " malédiction " en place et lieu d'être une chance. Il y a une grande connivence entre corruption et rente pétrolière dans beaucoup de pays africains, dit-il, estimant que " l'argent du pétrole ne sert pas au développement des autres secteurs d'activité hors hydrocarbures ". C'est le cas notamment de l'Algérie, dit M. Rutten, pour qui " en Afrique du Nord, la Libye gère mieux son pétrole". "L'Algérie gère mal l'argent de son pétrole, contrairement à la Libye" a-t-il affirmé. Pour s'en convaincre, notre interlocuteur nous renvoie au dernier rapport de la banque mondiale à ce sujet sans donner de plus amples précisions. Il est certainement vrai que la possession de l'or noir, ne signifie pas toujours développement. Dans bien des cas, cette " richesse " participe plutôt à détruire une bonne partie du tissu économique. Nécessité d'une synergie C'est le cas du Nigeria qui avant de devenir grand producteur de pétrole avait un secteur agricole très important. Pour cet expert, il est plus que nécessaire de trouver une grande synergie entre la production de toutes les ressources naturelles. Pour lui, si les pays pauvres d'Afrique subissent la hausse des prix des produits pétroliers pour leur consommation quotidienne, les pays producteurs n'arrivent toujours pas à gérer de manière " saine et transparente " leurs ressources. Etant l'un des producteurs importants de pétrole, l'Afrique occupe le troisième rang mondial avec près de 10% des exportations mondiales. Avec plus de 100 milliards de barils, 13 pays du continent africain détenaient 9 % des réserves mondiales de pétrole fin 2003, dont la moitié en Afrique du Nord. Mais force est de constater cependant, que la grande majorité de la population africaine n'a pas accès au carburant et au gaz pour leurs besoins quotidiens. A cet effet, l'expert des Nations Unies plaidera pour un partenariat sud-sud notamment dans le domaine du raffinage et des services. Pour lui, les pays producteurs de gaz, moyennant des contrats à long terme, auront de fortes possibilités de financements par des banques internationales, d'autant plus que le marché existe. Ce qui permettra, aux pays africains d'accéder à plus de financement, et de gérer avec plus d'autonomie et de planification leurs ressources pétrolières. Des analystes, n'ont pas manqué de relever que la hausse des prix du pétrole profite plus à certaines sociétés multinationales de pétrole qu'aux pays producteurs. Selon l'Agence Internationale de l'Energie, l'Afrique verra sa production croître de presque 5 millions de barils par jour avant 2020. La question est cependant savoir, si d'ici là, et moyennant une bonne gouvernance, ces pays pourraient-ils profiter de la période de forte remontée des cours pour investir dans le développement, pour échapper au surendettement et à la pauvreté.