Il n'y aura pas de grève des boulangers», assure le Comité national des boulangers affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Du moins, pas pour le moment. Selon Driss Abada et Omar Amer, représentants de ce comité, qui s'exprimaient hier lors d'un point de presse animé à Alger, le Comité national des boulangers serait parvenu à un consensus avec le ministère du Commerce. Le maintien du tarif actuel du pain, à savoir 8,50 DA la baguette, restera inchangé grâce à la subvention du prix de la farine, mais cette subvention ne garantit plus la marge bénéficiaire des boulangers, d'où la nécessité d'introduire d'autres mécanismes pour maintenir ce prix sans toutefois porter préjudice à ces artisans. Entre autres mesures préconisées par le Comité national des boulangers pour assurer une marge bénéficiaire, la subvention par l'Etat des autres ingrédients entrant dans la production du pain, le soutien du prix de l'électricité et du gaz, la subvention du sachet ou du papier d'emballage et la réduction des taxes et autres impôts. «Nous avons eu des échos que nos propositions sont à l'étude au niveau de la tutelle. Nous aurons certainement du concret dans deux mois au maximum.» Les boulangers attendent beaucoup de la tutelle pour «maintenir notre activité». Des insuffisances «criardes» sont signalées, portant préjudice à ces artisans et aux consommateurs. Les boulangers se disent «dans un dilemme» : l'utilisation du sachet en plastique pour emballer le pain encore chaud s'avère très dangereux pour la santé, mais «vu le coût excessif de l'emballage en papier, nous n'avons pas tout à fait le choix». Dans cette situation, les boulangers préconisent une convention pouvant les lier aux fabricants de papier d'emballage. L'expérience a été tentée avec Tonic Emballage, il y a près de 10 ans, mais elle a été vouée à l'échec avec la chute du groupe. Autre tracas relevé par les boulangers, les coupures d'électricité à répétition. L'acquisition de groupes électrogènes dans le cadre de la convention signée avec des fournisseurs pour permettre aux gérants de boulangerie d'en acquérir en optant pour un paiement par tranches n'a pas donné les résultats escomptés. «Seuls 150 boulangers ont répondu à cette option, le versement d'intérêts étant une clause rejetée pour des convictions religieuses ou par logique commerciale», explique le syndicat des boulangers, qui soutient que la nuisance causée par le fonctionnement de ces équipements en milieu urbain entrave son utilisation comme solution en cas de panne électrique. «Les coupures d'électricité continueront donc à pénaliser les boulangers en l'absence d'une autre solution.» La tutelle devrait également se pencher sur la question des boulangeries exerçant dans l'informel et la vente du pain sur les trottoirs. Selon le comité de l'UGCAA, 60% des boulangeries travaillent dans l'informel. 50% du pain produit sont écoulés sur le trottoir, de quoi interpeller les services sanitaires et d'hygiène. Selon l'Union des commerçants, 14 500 boulangers sont encadrés dans le Comité national des boulangers. Les Algériens consomment entre 40 et 45 millions de baguettes de pain quotidiennement. 15% de la farine subventionnée par l'Etat est détournée pour la fabrication de produits dérivés.
