Depuis l'annonce de la révision de la Constitution, le 15 avril 2011, lors d'un discours adressé à la nation par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, tout juste précédée d'une conjoncture de mouvements de révolte dans des pays arabes et après les émeutes de janvier 2011 en Algérie, la modification du texte premier du pays est-elle une obligation suite aux engagements pris depuis cette date ? Les discussions entre le Premier ministre et des chefs de parti entamées depuis peu confirment la révision. Mais des questions restent en suspens, tant l'opacité entoure la question. Pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), «l'Algérie a connu l'une des dérives les plus monumentales après le coup d'Etat constitutionnel de novembre 2008 où nous avons assisté à un coup de force consacrant une personnalisation abjecte du pouvoir». Selon le porte-parole du RCD, Otmane Mazouz, «rien qu'à voir le flou qui entoure les tractations en cours à ce sujet, nous sommes en droit de penser qu'une autre agression est en préparation dans les laboratoires du régime». Notre interlocuteur estime que «la prochaine révision de la Loi fondamentale n'échappera pas à cette volonté de perpétuer le statu quo et ne remettra, certainement, pas les équilibres qui font que le pays soit miné par un pouvoir omnipotent et un chef d'Etat qui s'est accaparé de l'essentiel des leviers de contrôle sur le destin de la nation sans aucun contre-pouvoir». Le porte-parole du RCD ajoute : «Une fois le projet de la nouvelle Constitution rendu public, le RCD se prononcera et donnera sa propre vision d'une Constitution qui arrimera notre pays au rang des démocraties du troisième millénaire.» De son côté, le secrétaire national à la communication du Front des forces socialistes (FFS), Chafaâ Bouaiche indique : «Il appartient au chef de l'Etat de préciser ses intentions au sujet d'une révision constitutionnelle.» Et d'ajouter : «Nous sommes dans l'ignorance du cadre et des conditions dans lesquelles s'opérera cette révision et sur quel article s'appuiera le chef de l'Etat ?» «S'agira-t-il d'ajouter, de modifier ou de supprimer des dispositions constitutionnelles ? Compte-t-il créer un cadre de consultation ou se contentera-t-il de consultations informelles par le biais de son Premier ministre ?», s'interroge Bouaiche. Et de poursuivre : «Les conditions d'adoption de nouvelles dispositions ne sont pas connues. Il est donc prématuré que le FFS s'exprime sur ces questions. Tout au plus, peut-on dire que la situation du pays fait émerger de nouvelles exigences constitutionnelles.» Le député de Béjaïa rappelle que «le conseil national du FFS vient de lancer un débat et d'adopter une résolution politique autour de certaines de ces exigences». Enfin, le Parti des travailleurs (PT) ne s'est pas exprimé sur la question, et ce, même après avoir sollicité le chargé de communication Djelloul Djoudi.