En choisissant le deuxième anniversaire de sa réélection pour un second mandat afin de faire le constat d'échec des différentes réformes économiques engagées, le président Bouteflika avoue implicitement toute son impuissance à imprimer au pays une démarche à même de le sortir de son immobilisme. Dans sa sortie algéroise, le Président s'est, dans le tas, insurgé contre le retard mis dans la réalisation de la nouvelle aérogare d'Alger, la mauvaise gestion dans bien des secteurs d'activité économique ainsi que les lenteurs bureaucratiques qui freinent les investissements étrangers et font perdre au pays des millions de dollars, selon ses dires. Ce constat d'échec, bien des analystes et opérateurs économiques privés et même publics l'ont fait avant lui, et n'ont cessé durant toutes ces années de tirer la sonnette d'alarme sur ces multiples réformes qui s'éternisent. Mais, lorsque c'est le premier gestionnaire du pays qui reconnaît que le pays est en panne, il y a lieu alors de s'attendre à un changement de cap, à moins de vouloir persister dans l'erreur. En dépit des sommes dégagées pour l'investissement, l'économie algérienne dépend encore du secteur des hydrocarbures, lequel est en pleine expansion et qui génère 97% des recettes en devises. Le plan complémentaire de soutien à la croissance (PCSC), d'un montant de 55 milliards de dollars, et s'étalant à 2009, vise à la relance de la croissance par la dépense publique. Mais bon nombre d'analystes n'ont pas manqué de relever que l'argent du pétrole ne sert nullement le développement des autres secteurs d'activité hors hydrocarbures, et ce, faute d'une bonne gestion. Des analystes pour qui, les surcoûts engendrés dans les chantiers engagés et les surévaluations récurrentes inhérentes aux « pertes de temps » et faute de souplesse dans la prise de décision, et à différents niveaux, font perdre au pays des milliards de dollars. Cependant, la manne financière abondante, outre qu'elle a permis le rétablissement des équilibres macro-économiques et la diminution de l'encours de la dette extérieure, a aussi servi à dissimuler un tant soit peu une réalité des plus amères, faite d'une paupérisation accrue de larges couches de la société algérienne. Une réalité souvent liftée par la froideur des bilans chiffrés et louant une Algérie qui retrouve le chemin de la croissance et du développement. Il est loisible, en effet, et face à des effets de manche médiatiques, de rappeler que « gouverner, c'est le pouvoir de nommer ». En attente de la concrétisation des multiples chantiers lancés et surtout l'assainissement du climat des affaires en Algérie, où la réforme bancaire et financière ainsi que le foncier industriel posent énormément problème, le Président devra désormais prendre des décisions à même de joindre ainsi l'acte à la parole. A titre illustratif, le passage au week-end universel semble relégué aux calendes grecques, même s'il générera, de l'avis de la Banque mondiale, une croissance de 3% du Produit intérieur brut (PIB). Il est établi que les problèmes se sont complexifiés en Algérie. Et toute transition d'un système à un autre est souvent douloureuse et lente à opérer. Cependant, et comme dit-on, la gouvernance permet d'affirmer haut et clair combien il est vain de vouloir régler aujourd'hui les problèmes de demain avec les solutions d'hier ! Et c'est pour cela qu'il est utile, aujourd'hui, de replacer le débat dans le contexte d'une réflexion sur le rôle des gouvernants dans la création d'un cadre institutionnel propice à une bonne performance économique. Sur ce plan, si pour le FMI, la bonne gouvernance, c'est la bonne application des programmes d'ajustement structurel, l'assainissement du cadre macro-économique, la restauration des grands équilibres financiers, etc. Pour les Nations unies, la bonne gouvernance, c'est la bonne gestion des affaires publiques et de la démocratie aussi bien au plan politique, économique, qu'administratif, avec comme principaux indicateurs : la transparence, l'éthique et le respect de la déontologie dans la conduite des affaires ; l'indépendance et la crédibilité des juges et des tribunaux ; des élections libres, transparentes, organisées par une commission électorale indépendante ; la décentralisation ; le renforcement des contre-pouvoirs (presse, société civile, etc.).