Le parti majoritaire va-t-il opter pour un autre candidat ou renouveler sa confiance au Président de la République? A quelque dix-neuf mois de la prochaine élection présidentielle, prévues en avril ou mai 2004, la campagne électorale semble avoir démarré dans un champ politique reconfiguré par les dernières élections locales du 10 octobre. Même s'il est encore tôt pour parler de véritable campagne, les observateurs politiques placent déjà les sorties sur le terrain effectuées par le Président de la République (Tiaret, Tissemsilt et Biskra) dans ce contexte, estimant surtout que l'intérieur du pays constitue un véritable vivier électoral. De fait, Bouteflika dispose de plusieurs atouts pouvant lui permettre de prétendre à un second mandat à la tête des institutions de l'Etat. Le président s'était assigné comme première mission, telle une condition sine qua non, le rétablissement de la paix. Il l'a réussie en grande partie à travers la concorde civile. Une réduction plus que significative de la violence a été constatée, y compris par certains des plus farouches adversaires de cette démarche. Mais, loin de s'arrêter en si bon chemin, tout porte à croire que le plus gros de sa campagne actuelle et future sera axé sur sa fameuse «concorde nationale» dont le contenu échappe encore aux observateurs de la scène politique. Bouteflika a encore à faire valoir, sur le plan politique, le respect rigoureux des échéances électorales, avec une neutralité jamais égalée de la part de l'administration, ce qui constitue une avancée notable sur le chemin de la démocratie. Mais la crise qui continue de secouer la Kabylie, risque fort d'être son talon d'Achille même s'il reste un peu plus d'une année pour tenter de dénouer un problème qui n'a que trop traîné. Sur les plans social et économique, le président a également pas mal d'arguments à faire valoir. La formule de la location-vente, qui a trouvé un écho très favorable auprès de la population, le programme de soutien à la relance économique, qui même si son application traîne sur le terrain, promet un décollage économique, sont des arguments que peut avancer Bouteflika en sa faveur. A cela il faut ajouter les appels incessants lancés aux investisseurs lors de ses différents périples à l'étranger. Les derniers en date étant le discours qu'il a prononcé devant le Medef et la visite qu'il a effectuée en Espagne. Il est évident que la concrétisation de ces projets permettra de résorber le chômage, d'atténuer la crise du logement et, partant, d'améliorer le vécu quotidien des populations. C'est également sous son règne que les premières augmentations de salaires notables ont pu être obtenues alors que d'autres, qui vont concerner l'ensemble des travailleurs algériens, sont prévues pour le début de cette année, lors d'une tripartite décisive à plus d'un titre. Cependant deux impératifs de taille conditionnent la réélection de Bouteflika à la présidence de la République, si on fait abstraction de la position de l'Armée qui s'est officiellement et graduellement retirée du champ politique depuis la présidentielle de 99. Il y a d'une part le temps,19 mois sont-ils suffisants pour réaliser ces projets? D'autre part la position des partis qui l'ont soutenu lors des élections d'avril 1999, Bouteflika avait alors l'appui du RND, du MSP et du FLN. Si le soutien du RND n'est pas d'un grand poids, le MSP qui était déjà prononcé sur le sujet «nous soutiendrons le Président s'il se présente pour un deuxième mandat», a déclaré Nahnah dans «Coeur ouvert de L'Expression», la position du FLN reste, en revanche, la plus déterminante. Le parti majoritaire va-t-il renouveler sa confiance au Président de la République ou opter pour un autre candidat? Les sources proches du FLN affirment que tout se jouera lors du prochain congrès du parti. Certains milieux avancent Ali Benflis comme futur candidat du parti aux prochaines présidentielles, mais encore faut-il que ce dernier fasse ses preuves sur le plan politique. Le Chef du gouvernement ne s'est prononcé clairement que sur l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures élaboré par Chakib Khelil, précisant que Sonatrach, appartenant à tous les Algériens, n'est pas à vendre. Pour d'autres éventuels candidats à ces élections de 2004, les milieux politiques citent avec insistance Mouloud Hamrouche et Ahmed Taleb Ibrahimi. Ce sont les seuls, parmi les six candidats de 99, qui ont gardé leurs chances intactes. Curieusement, soulignent ces milieux, Hamrouche a été accusé à l'occasion de la célébration du 14e anniversaire des événements d'Octobre 88 d'être derrière les dépassements qui avaient eu lieu à cette époque. Les accusations changent en fonction des hommes, des enjeux et des rapports de force. Le dernier en date étant le général Betchine quand il était l'homme fort du système. Le sort de Hamrouche est-il déjà scellé pour ces élections? Difficile d'avancer une quelconque supposition, il faut pour cela attendre les développements qui vont se précipiter à la faveur de la nouvelle cartographie politique.