Le choix de mener une campagne électorale empreinte d'agressivité et de démagogie n'a pas permis à la droite de rester au pouvoir et les millions d'électeurs italiens ont signifié à Berlusconi la fin de sa mission de chef de gouvernement, préférant confier les rênes du pays à un autre dirigeant. Dès les premiers exil poll, qui ont commencé à tomber à la fermeture des bureaux de vote, à 15h locales (14h algériennes) les leaders de l'Union, une coalition de centre gauche qui comprend des partis politiques hétérogènes, comme les Démocrates de gauche, les communistes, les verts et les radicaux, ont laissé éclater leur soulagement, qui s'est transformé, d'heure en heure, en triomphante joie. Malgré la prudence qui est de mise, en attendant les résultats définitifs du vote qui seront connus aujourd'hui, le leader des Démocrates de gauche et ancien président du Conseil italien, Massimo D'Alema, a qualifié ce vote d'« écrasante victoire » et rappelé comment en 2001, Berlusconi avait remporté les élections législatives avec une différence de 650 000 voix. « Avec ce résultat sans précédent dans l'histoire de l'Italie, le pays tourne une page, grâce à ce raz-de-marée qui a dépassé nos prévisions et qui investit le centre gauche de grandes responsabilités et de beaucoup d'espérances et d'attentes. » Romano Prodi, futur chef du gouvernement, qui n'ignore pas la nature du défi qui l'attend, a tout de suite annoncé vouloir s'adresser à ses électeurs, à partir du siège de l'Olivier, son parti, à la place des Saints Apôtres, à Rome, pour promettre de tenir tous les engagements qui ont fait partie de son programme électoral. Mais au fil des heures, la marge des voix qui sépare la droite de la gauche, surtout pour le Sénat, où les deux coalitions ont décroché presque le même nombre de sièges, s'est rétrécie, laissant planer le doute dans les rangs de l'Union. La seule donnée définitive regardait le taux de participation qui a dépassé 83,6%. Qu'à cela ne tienne, hier, au siège de la Presse étrangère de Rome, que Berlusconi refusait de fréquenter et appelait dédaigneusement « un refuge de communistes et de journalistes médiocres », un air de nostalgie régnait tout de même. Car de mémoire de correspondant à Rome, à part, durant la Seconde Guerre mondiale et lors de l'opération Mani Pulite, aucun chef de gouvernement n'a autant suscité les écrits journalistiques. Par contre avec le maussade et sérieux Prodi, qui non seulement n'a pas de démêlés avec la justice, mais en plus ne possède pas le dixième du talent de Berlusconi pour provoquer des incidents diplomatiques, susciter des querelles avec ses alliés et s'attirer la foudre des journalistes, à chaque fois qu'il prend la parole, les chroniques romaines allaient devenir moins colorées.