Le président de la République italienne Giorgio Napolitano a décidé, hier soir, de dissoudre le Parlement, après l'échec de sa dernière tentative visant à retarder le scénario d'élections anticipées. Rome : De notre correspondante La démission du président du Conseil italien, Romano Prodi, privé de sa majorité au Sénat, a plongé l'Italie dans une crise politique aiguë dont l'issue sera la convocation prématurée aux urnes de l'électorat qui a voté, il y a moins de deux ans. Le chef de l'Etat, Giorgio Napolitano, a eu l'ingrate tâche de dénouer les fils de cet imbroglio institutionnel. Face à une gauche qui a lutté jusqu'au bout pour éviter le vote anticipé avec l'actuelle loi électorale, la coalition de droite s'est empressée de saisir cette occasion pour écourter le mandat de Prodi. Le leader de l'opposition, Silvio Berlusconi, a été jusqu'à menacer de marcher sur Rome avec des millions de ses sympathisants si Napolitano ne convoquait pas des élections anticipées. Les alliés de Berlusconi, la Ligue du Nord et l'Alliance nationale se sont alignés sur la ligne de Forza Italia, et même l'Union des Démocrates chrétiens qui s'était d'abord montrée conciliante, a fini par se joindre aux rangs de ceux qui préfèrent renvoyer la réforme de la loi électorale à la prochaine législature. Car les experts du droit constitutionnel imputent à l'actuelle loi, votée par le gouvernement de Silvio Berlusconi, à la fin de son dernier mandat, la responsabilité de l'impasse où se trouve le pays. Car elle permet à des coalitions très hétérogènes de remporter les élections, et avec une marge tenue. Et c'est exactement le scénario qui s'est vérifié lors des dernières élections législatives d'avril 2006, quand la coalition de Prodi est arrivée au pouvoir grâce à quelques dizaines de milliers de voix d'avance sur la droite. A présent, l'alliance de la gauche aura tout le temps de régler ses comptes avec ses propres alliés, les petits partis responsables de la chute du gouvernement, même si les apparences réflètent une classe politique qui préfère temporiser et resserrer ses rangs. Il faut dire que les récents sondages donnent l'avantage à la droite, face à une montée de la contestation des choix de l'exécutif sortant. Prodi n'a pas eu de trêve, il a dû s'atteler à remettre la croissance économique du pays sur les rails face à des citoyens grincheux, qui ne comprennent pas qu'on leur demande de subir davantage de restrictions face à un pouvoir d'achat rongé par la cherté de la vie et l'inflation. En surfant sur la vague du mécontentement social et la débâcle de la gauche, Berlusconi semble décidé à prendre sa revanche sans trop attendre. Le populisme et la propagande qui caractérisent souvent les campagnes électorales de la droite italienne pourraient hâter le retour du magnat milliardaire, trois fois chef du gouvernement (deux mandats consécutifs entre 2001 et 2006) à la gestion des affaires du pays.