L'on disait souvent que l'Europe «dans son ensemble» était en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Il est alors temps de cerner cet ensemble et chercher où cela coince. Avec deux membres permanents du Conseil de sécurité et d'autres qui siègent dans le Club des amis du Sahara, un cercle informel supposé alimenter en idées le système des Nations unies, afin de faire avancer le plan de paix au Sahara occidental, le vote européen est important. Un tel vote pourrait-il être différent de tous les autres ? On vote, sans que cela empêche les Etats d'aller à l'encontre de cette volonté. Ainsi en est-il des accords de pêche conclus depuis les années 1990, et incluant les eaux sahraouies. Un pillage en règle, et pour le Maroc une reconnaissance de son occupation du Sahara. Jusqu'à ce que le Parlement européen (PE) décide d'y mettre fin. Le Parlement suédois a même été plus loin, en décidant de soutenir la République arabe sahraouie démocratique (RASD). C'est en ce sens qu'intervient le vote des eurodéputés, le quatrième en moins d'une année, rappelant à quel point la question sahraouie revenait sans cesse dans les débats, et que par conséquent, il n'est plus possible de se taire. Le second étant le oui massif en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. En fait, et bien plus qu'un désaveu, c'est une double défaite infligée au Maroc avec ses tribunaux militaires pour juger les militants sahraouis et un appel aux Etats européens qui privilégient des intérêts étroits au détriment des droits nationaux de tout un peuple. Ce qui passerait pour une aberration constitue une complicité avec une puissance occupante, car comme le relève le document en question, c'est tout un peuple qui est privé de ses droits fondamentaux. Entre autres, celui de dire non à l'occupation marocaine. Près de quarante années d'occupation n'ont pas fait des Sahraouis des sujets marocains, ce qui explique le blocage du processus de paix, le Maroc s'étant rétracté dès 1991, alors même qu'il y a pleinement souscrit et apposé sa signature à côté de celle du Front Polisario, convaincu que les Sahraouis allaient voter contre l'indépendance. L'autre élément nouveau contenu dans cette résolution, est l'appui apporté au projet d'extension des attributions de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental) au respect des droits de l'homme que le Conseil de sécurité n'a pu voter faute de consensus, ou plus simplement, parce qu'il se heurte à des oppositions. Ce point sera à l'ordre du jour lors de l'examen régulier de la question sahraouie par le Conseil de sécurité au mois d'avril prochain. Mais déjà, le PE en s'emparant d'un tel débat, ne négligeant aucune voie pour signifier une injustice faite à un peuple, a placé la barre bien haut. Une première ne manque-t-on pas de constater, en attendant le Conseil de sécurité.