Le scandale européen de la viande de cheval utilisée à la place du bœuf dans des plats préparés, s'est étendu à l'Allemagne, avec un premier cas avéré dans des lasagnes surgelées et a pris une dimension sanitaire. Trois carcasses de cheval provenant d'abattoirs britanniques et contenant des traces de phenylbutazone, un antidouleur potentiellement nocif pour la santé humaine, ont été envoyées en France, a indiqué, jeudi, le ministre britannique de l'Agriculture, David Heath. Le ministre a précisé que des traces de ce produit avaient été détectées dans huit carcasses testées au Royaume-Uni, dont trois pourraient être entrées dans la chaîne alimentaire en France. L'agence de sécurité alimentaire (FSA) «travaille avec les autorités françaises pour tenter de sortir la viande de la chaîne alimentaire», a-t-il ajouté. Auparavant, la chaîne de supermarchés Real, qui compte 316 magasins en Allemagne, avait reconnu que des tests effectués à sa demande sur des lots de lasagnes surgelées, de sa marque «Tip» à bas prix, avaient révélé la présence de viande de cheval, moins chère que le bœuf, non signalée sur l'étiquette. Il s'agissait de barquettes retirées, dès vendredi dernier, des rayons, à la suite d'informations données par son fournisseur. Cette mesure avait été prise «purement par précaution, car à aucun moment un risque pour la santé des consommateurs n'a été détecté», a encore insisté le groupe. Dénonçant «une sale affaire», «un cas de tromperie claire des consommateurs», la ministre allemande de la Consommation, Ilse Aigner, a souligné, jeudi matin, l'action rapide de nombreux groupes de distribution qui ont «déjà retiré les produits suspects du marché». La chaîne de supermarchés Edeka, plus gros distributeur allemand de produits alimentaires, a, elle aussi, lancé une série de tests sur ses produits, de même que le vendeur de produits surgelés à domicile, Eismann, ou la chaîne de magasins Kaiser's-Tengelmann. L'Union européenne a annoncé, mercredi soir, une campagne de tests ADN dans tous les Etats membres et une coordination des enquêtes par Europol, à l'issue d'une réunion de crise à Bruxelles. Outre 2500 tests ADN à travers toute l'Europe sur les plats au bœuf, l'UE demande aux Etats de procéder à quelque 4000 contrôles pour détecter la présence éventuelle de phénylbutazone, un anti-inflammatoire pour les chevaux, qui rendrait la viande impropre à la consommation. L'Office européen de police, Europol, coordonnera, pour sa part, les enquêtes judiciaires dans plusieurs pays de l'UE, afin de déterminer comment de la viande de cheval a pu être utilisée à la place du bœuf. L'affaire, cantonnée dans un premier temps à la Grande-Bretagne et à l'Irlande du Nord, a pris une dimension européenne la semaine dernière, avec la découverte de lasagnes de la marque française, Findus, contenant de la viande de cheval estampillée bœuf. Elles avaient été fabriquées par un sous-traitant français, Comigel. Outre le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, des traces de viande chevaline ont également été retrouvées en Norvège et en Suisse. Les révélations sur cette affaire, qui pourrait relever de pratiques délictueuses à l'échelle européenne, se poursuivent. En France, la société Spanghero, l'un des fournisseurs de Findus, a été accusée par le quotidien Le Parisien d'avoir acheté 42 tonnes de viande de cheval en janvier, alors qu'elle a toujours affirmé ne pas avoir «d'activité à base de produit d'origine équidée».