Sous les auspices du marché international du film du Festival de Berlin, l'Algérie est présente avec Zabana !, long métrage fiction de Saïd Ould Khelifa. Berlin (Allemagne) De notre envoyé spécial Il faut bien l'avouer, ce n'est pas uniquement dans les sections officielles qu'on trouve les meilleurs films. La curiosité des journalistes les pousse chaque jour vers les projections du marché. Là où beaucoup trouvent de l'argent pour faire des films, il est aussi possible de voir des films déjà prêts, en passe de connaître leur heure de gloire entre les mains des distributeurs. Assez souvent, les films du marché dépassent en qualité ceux des sélections officielles. Zabana !, malgré le contretemps de l'aventure des Oscars, ce récit déchirant du destin tragique d'une haute figure de la révolution algérienne, a bien représenté, à Berlin, le cinéma d'auteur algérien. Aucun distributeur ni aucune cinémathèque au monde ne devraient dormir tranquilles à l'idée de ne pas posséder une bonne copie de Zabana !, présenté dans la revue américaine Variety, comme The genesis of the battle of Algiers. A côté du travail de SOK, le film en compétition de l'Iranien Jafar Panahi, Pardé (Rideaux tirés) paraît bien pâle. C'est la très mince histoire de deux personnes, dont Panahi lui-même, cachées dans une grande demeure sur les rives de la mer caspienne, avec un chien et la police à leurs trousses. Mais il ne se passe quasiment rien d'autre. C'est intégralement décevant, insignifiant. Jafar Panahi a des problèmes dans son pays, il n'est pas venu à Berlin. Mais il bénéficie depuis le début du festival d'une stupéfiante orchestration politique, il ne serait pas du tout étonnant qu'il décroche un prix. Panahi est un opposant à Ahmadinejad. Le régime de terreur islamiste iranien l'a déjà condammé à 6 ans de résidence surveillée. Une solidarité pleine et entière envers lui ne devrait pas empêcher de dire qu'il est un piètre cinéaste. N'est pas Kiarostami qui veut ! Encore un film beau et important sur la Palestine. Dans la section Panorama, Art/Violence rend hommage au créateur palestinien, Juliano Mer-Khamis. Mer, c'est sa mère juive. Khamis, c'est son père arabe. Il était le créateur du Freedom Theatre dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine. Le 4 avril 2011, Juliano a été assassiné devant son théâtre par un homme masqué. Les autorités sionistes n'ont jamais fait d'enquête. Le tueur court toujours. Et ceux qui l'ont recruté aussi. Un ami de Juliano, l'écrivain et cinéaste Udi Aloni, a réuni les acteurs du Freedom Theatre pour continuer le travail de l'artiste et militant disparu. Aloni a monté avec eux plusieurs pièces : En attendant Godot (Samuel Becket), Alice au pays des merveilles (Lewis Caroll), Antigone (Sophocle). The Freedom Theatre a fait plusieurs tournées à Ramallah, Jaffa, New York, Helsinki, Berlin. Le film projeté au Panorama contient des extraits de toutes ces pièces. C'est un document plein de joie et d'émotion. On y retrouve aussi Milay, la fille de Juliano, qui répète pour son rôle dans Antigone. Mais surtout deux grandes actrices palestiniennes, Batoul Taleb et Myriam Abou Khaled. Elles ont le feu sacré du théâtre. Elles ont la passion de Sonia, devenue annabie... Elles expriment à la fois leur désir, leur plaisir, leur douleur et leur rejet de l'occupation militaire israélienne, où se cachent les assassins de Juliano. Grâce à elles, le théâtre palestinien à Jénine pavoise dans le souvenir du metteur en scène disparu.