Sous le titre «Le conflit tribal ressurgit à Ghardaïa», votre quotidien n° 6775 du 26 janvier 2013, relayé le 27 janvier 2013 par le n° 6776 rapporte ce qui suit : «Nouvelle tension à Ghardaïa. Le conflit entre les deux communautés, Mozabite et Arabophone (Châamba) ressurgit et risque de s'aggraver». C'est ce genre de traitements médiatiques qui risquent plutôt d'alimenter les tensions surtout en ces moments sensibles où l'Algérie se trouve cernée de toute part et où chaque partie et parti tentent d'exploiter la moindre faille pour enfoncer sa lame afin de provoquer sa destruction. En effet, le principe qui consiste à «diviser pour régner» adoptée comme arme principale par nos ennemis fondamentaux n'a jamais cessé d'être appliqué, et c'est en ces moments précis que ses effets ont pu donner leurs résultats dévastateurs ; ces conflits sans fin qui rongent le monde musulman l'attestent pleinement. L'Algérie n'est pas épargnée et les fumées autour de ses frontières, particulièrement au Sud, ne lui assurent guère sa mise à l'abri. La dernière opération terroriste de Tiguentourine à In Amenas est à inscrire dans ce contexte qui n'annonce guère de perspectives heureuses. La détermination des forces de notre sécurité nationale qui a pu mettre en échec cet acte d'agression contre l'un des symboles de la souveraineté nationale ne suffira pas à elle seule à garantir la sécurité de la nation sans l'implication et l'adhésion totale des populations de ces régions sahariennes unies autour du même objectif sacré qu'est la consolidation de l'unité nationale, qui n'a jamais été aussi menacée depuis l'indépendance. Ces populations doivent impérativement être associées au véritable pouvoir de décision et de gestion des affaires du pays. Il est grand temps que le voile des suspicions qui pèse sur elles soit définitivement levé. Malgré les multiples tentatives et complots tramés pour la partition du pays, ces populations ont de tout temps démontré leur ferme volonté de défendre l'unité sacrée de l'Algérie. Ce sont ces populations qui se sont mobilisées pour affirmer et confirmer cette volonté par les soulèvements populaires un 27 février 1962 à Ouargla et dans les autres contrées de la région. Soulèvements auxquels on doit la mise en échec de la finalisation du complot de partition, ourdi à la veille de l'indépendance par la puissance coloniale. Aujourd'hui, la mobilisation autour d'authentiques valeurs d'une véritable citoyenneté est plus qu'attendue, car l'enjeu est gigantesque dès lors qu'il s'agit du sort de la nation, menacée dans sa propre existence. Pour revenir au sujet du pseudo conflit tribal, il est utile de rappeler ce qui suit : Il n'y a pas et il n'y a presque jamais eu de conflit à proprement parler entre ce que l'on tente en vain de formaliser comme clivages Mozabites/Châambas. Les racines de ces populations qui se sont installées dans cette région centrale du pays appelée La Chebka (véritable filet naturel tissé par un ensemble d'oueds et de vallons), selon sa configuration géographique particulière formée de plusieurs lits d'oueds et de vallées, sont presque issues des mêmes origines, Zénètes et Hilaliens dans l'ensemble. Lors de l'affirmation du rite Ibâdite dans la région de l'Oued Mzab (XIe siècle), les autres musulmans qui se sont accrochés à leur rite Malékite se sont retirés en partie dans l'oued voisin de Metlili pour s'y installer et édifier leur propre ksar parallèlement aux ksour de l'Oued M'zab de l'époque et que sont El-Atteuf et Melika. Afin de mettre un terme à toutes formes de rivalités et de conflits éventuels, les deux groupes de populations (Ibadites et Malékites), ceux habitant l'Oued M'zab (Melika) et ceux habitants l'Oued Metlili appelés à l'époque Brezga et par la suite Châambas, ont signé un premier traité (en 1317) permettant l'échange et l'intégration de familles réciproques dans les deux ksour (Melika et Metlili). Une véritable civilisation commençait à se construire dans la région consolidée par un second traité établi entre les habitants des vallées de Metlili (origine de l'appellation Châambas de Chiâabes désignant le lieu d'installation) et ceux des autres tribus Malekites occupant l'Oued M'zab et ses environs (manuscrit du XIVe siècle, daté de l'an 800 de l'hégire). C'est ainsi que le ksar principal de Ghardaïa a été édifié et a pu contenir et intégrer en son sein, dans une parfaite entente et concorde une population mosaïque et variée, composée d'Ibadites, de Malékites, de juifs et de chrétiens par la suite, sans distinction ni discrimination. Une grande civilisation est apparue dans cette région, connue sous le nom de la Chebka, qui attirait et accueillait un grand flux de populations venant d'horizons divers en quête de quiétude et de sécurité. Les caravanes commerciales Ibadites atteignirent Alger en toute sécurité, escortées et appuyées par les Châambas depuis des siècles. Le congrès Ibadite de 1642 tenu à Alger a confirmé l'intégration des Malékites (Châambas) dans leurs assises. Cette entente et cette harmonie entre les communautés ont pu être concrétisées grâce à l'application des valeurs authentiques de la «Citoyenneté» issues des préceptes de notre religion qu'est l'Islam véritable et la saine conduite de notre Prophète (prière et salut sur lui), qui a jeté les bases de cette grande nation lors de la formation du premier «Etat de Citoyenneté» à Médine. C'est ainsi que nos ancêtres, grâce à leur clairvoyance, ont pu construire ce modèle de civilisation qui a réussi à diluer toutes les formes de contradictions entre les êtres humains et mettre en œuvre cette force spirituelle fondamentale qui leur a permis de combattre et vaincre les pires défis. Ce n'est que lorsque sont apparues les forces coloniales françaises vers 1852 que le venin de la division a été inoculé aux populations locales afin de tuer la résistance farouche qui leur avait été opposée en 1851 pour leur permettre la pénétration et l'occupation de la région. L'administration coloniale a tramé de véritables complots en attisant le spectre des rivalités tribales les montant les unes contre les autres, par l'utilisation de la corruption dans les milieux fragiles et par la division à outrance. La convention adoptée en 1853 permettant aux habitants des ksour du M'zab de jouir d'une certaine autonomie interne s'inscrit dans ces objectifs. Malgré toutes ces tractations tout au long de cette sombre étape historique, la résistance aux forces coloniales s'est maintenue, assurée sans relâche par les populations locales jusqu'à la victoire finale couronnée par la mise en échec du complot de séparation du Sahara de l'Algérie de 1962 tel que mentionné plus haut. Aujourd'hui, il est utile de rappeler et de souligner que l'Algérie se trouve piégée et guettée de toute part par des ennemis qui n'ont jamais digéré leurs échecs et ne sont pas près d'abandonner leurs convoitises. C'est ainsi qu'ils tenteront par tous les moyens de provoquer des crises de toutes formes dans notre patrie afin de réaliser leurs desseins. Le Mali voisin n'est que le prélude à ce plan satanique qui vise principalement l'Algérie qui, aux yeux de nos ennemis, serait bien trop grande pour ses algériens. Seules une prise de conscience totale, une forte mobilisation et une adhésion profonde à un Projet de société, s'appuyant sur les valeurs et principes d'un véritable Etat de Citoyenneté tel qu'initié par l'Appel (El-Watan du 22 octobre 2012) de Mohand Tahar Yala (ex-Commandant des Forces navales) mettront en échec ce plan satanique relayé par des traîtres locaux. Plan satanique qui écrase et humilie des pans entiers de notre société et qui dilapide les richesses de notre pays. Nous sommes donc arrivés à la même conclusion et affirmons que seul ce projet pourra assurer la sauvegarde de notre chère patrie pour laquelle des caravanes de martyrs se sont sacrifiées à travers toutes les étapes de notre histoire. Puisse Dieu les accueillir en son vaste paradis. Cette œuvre grandiose paraît difficile, mais avec la grâce du Tout Puissant, elle est réalisable parce qu'elle constitue l'unique voie de salut afin d'assurer et de préserver notre Existence !«Seigneur ! Donne-nous de Ta part une miséricorde et assure-nous la droiture dans tout ce qui nous concerne.» (Coran chapitre 18, verset 10).
Kouider Oulad Messaoud Koumar : -Membre fondateur de l'Union des Forces Démocratiques -Membre fondateur de l'association Ibn Aouam pour le développement des régions sahariennes -Ancien cadre de Sonatrach 1968-1975 -Ancien cadre DNC/ANP 1976-1977 -Chef du projet du développement intégré de l'Oued Touil au ministère de l'Hydraulique 1978-1981 -Membre de la Kadiria.