Forte et remarquée présence d'auteurs et d'éditeurs de BD à cette rencontre. La bande dessinée est en train de s'épanouir en Algérie, à en croire sa forte participation quantitative et qualitative au Maghreb des livres. Selon Dalila Nadjem, «la BD renaît dans notre pays grâce aux effets positifs du Fibda, le Festival international de la bande dessinée d'Alger, qui existe depuis 2008, institutionnalisé et pris en charge par le ministère de la Culture». La directrice des Editions Dalimen pense que «la BD va bientôt exploser en Algérie puisque la demande de ce genre artistique par le lectorat et le nombre d'auteurs ne cessent d'augmenter». Et de préciser d'un ton justificatif : «Entre 2009 et 2011, neuf maisons d'édition spécialisées dans la BD et les mangas ont été créées et sont gérées surtout par des jeunes. Or, en 2008, il n'y en avait qu'une seule et elle était étatique». Néanmoins, «il faut laisser le marché se mettre en place et mûrir», préconise-t-elle. Selon notre interlocutrice, 18 auteurs algériens ont participé à l'édition 2013 du grand festival international de bande dessinée d'Angoulême. Parmi ces jeunes créateurs, Nawel Louerrad, la trentaine, présente au Maghreb des livres, précise : «La BD est un art en pleine émancipation en Algérie. Il y a un grand mouvement autour de ce domaine, commencé d'abord par la génération de Slim et de Haroun, puis maintenant la mienne, tout en sachant que la relève est assurée par des dessinateurs beaucoup plus jeunes que moi.» Comme plusieurs dessinateurs, Nawel a commencé dans la presse, collaborant un moment à El Watan Week-end. «Pour la BD, j'ai commencé à publier dans un recueil collectif qui s'appelait Monstres chez Dalimen et je viens de publier ma BD en solo chez le même éditeur. Je l'ai intitulée Les Vêpres algériennes. Elle raconte le rapport que notre société peut avoir avec un passé violent, celui de la guerre de libération nationale et un autre, plus proche, la décennie noire en l'occurrence», explique-t-elle. «Mon objectif principal est de garder mon esprit créatif et productif, toujours éveillé», conclut la jeune bédéiste. Son aîné, Slim, partage le même enthousiasme pour l'amour de la BD, mais il est moins optimiste sur la situation des bulles en Algérie : «La BD patine encore car c'est une mode qui a disparu chez nous. C'est presque voulu. On a tout fait pour la faire disparaître au profit de la télévision et les jeux vidéo...» Le bédéiste considère que «la BD à elle seule peut redonner à nos nouvelles générations l'envie de lire, de rêver et d'utiliser leur imagination. Le ministère de l'Education nationale doit donc faire un effort dans ce sens».