Les résidents éprouvent toutes les peines du monde à faire leurs emplettes. La cité des 500 Logements, dans la commune de Baraki, ne dispose d'aucun local commercial. Réalisée ces dernières années et appelée à grandir encore davantage, d'autres bâtiments étant en chantier, cette agglomération urbaine forme une véritable cité-dortoir. Les habitants, bénéficiaires d'appartements dans le cadre d'opérations de relogement, se disent sérieusement pénalisés. Hormis deux ou trois commerces implantés dans une cité limitrophe, situés de l'autre côté de la rue, les résidents éprouvent toutes les peines du monde à faire leurs emplettes. «Les quelques commerces existants sont loin de répondre aux besoins de milliers d'habitants. Chaque jour que Dieu fait, nous sommes obligés de nous déplacer vers le chef-lieu de la commune», raconte un père de famille. Si notre interlocuteur reconnaît le caractère urgent de la démarche de l'Etat — reloger le maximum de citoyens dans les plus brefs délais, d'où les carences relevées dans les nouvelles cités — il reproche toutefois aux autorités «leur manque d'imagination» et la «lenteur dans la prise de décision». En fait, dans cette cité où vivent de centaines de familles venues des habitations précaires de Dergana, des Eucalyptus et de certains quartiers de Baraki, les jeunes sont tenaillés par le chômage. «Nous avons déjà essayé d'installer des étals pour nous occuper et répondre aux besoins des habitants, mais la réaction des autorités a été ferme et rapide. Ils nous ont interdit de créer des espaces anarchiques et ont menacé de nous saisir notre marchandise», indique un jeune homme. Pourtant, ajoute-t-il, «les services de l'ordre ferment les yeux concernant les marchands ambulants qui viennent, à bord de leurs camionnettes, proposer leurs services à longueur de journée». Les jeunes chômeurs soulignent cependant qu'une solution existe : «Nous demandons aux autorités de nous octroyer des autorisations pour l'installation de marchés ‘parisiens', comme dans plusieurs communes du centre de la capitale». Mieux encore, un groupe d'habitants a émis le souhait de voir «le marché réalisé à l'entrée de la cité et les locaux attribués à des résidents». Ce marché, faut-il le préciser, est fin prêt depuis des mois sans pour autant être exploité. Des habitants ont exprimé la crainte que cette infrastructure ne soit utilisée à d'autres fins, d'autant que sur le plan architectural, elle est attrayante et répond à toutes les normes d'hygiène et de sécurité. «L'urgence est l'ouverture d'un marché», insiste-t-on. En fait, hormis ce bloc, la réalisation de locaux commerciaux risque d'être compromise d'autant que les rez-de-chaussée des immeubles ont été aménagés en appartements et que les quelques espaces existants devraient servir d'aires de jeu ou d'espaces verts. Des habitants ont cependant souligné l'urgence, pour les responsables locaux, d'agir rapidement, avant que de nouveaux relogements ne soient effectués, ce qui risque de compliquer encore davantage la situation.