Si le lancement d'un deuxième plan de soutien à la relance économique était somme toute prévisible et attendu, le montant qui lui a été alloué a constitué, en revanche, une « grande » surprise (50 milliards de dollars). Les pronostics les plus optimistes prévoyaient, en effet, un montant maximum de 10 milliards de dollars. Jamais l'Algérie n'a mobilisé un budget aussi important pour relancer son économie. C'est nullement une exagération que de le qualifier de véritable « plan Marshal » algérien. Soit. Cependant, ils sont nombreux parmi les observateurs à admettre que l'intérêt n'est pas tant dans l'importance du montant alloué que dans la manière dont on va injecter cet argent dans la sphère économique. C'est toute la problématique de la rationalisation de la dépense publique qui est posée. Une dépense publique qui, faut-il le souligner, a attiré aux pays plusieurs reproches formulés par les institutions financières internationales. Dans leurs rapports respectifs, la Banque mondiale et le FMI ont appelé à chaque fois à la restriction dans la dépense publique qu'ils jugent très généreuse et qui se fait, dit-on, au détriment du secteur privé. Interrogé sur le second plan de relance économique, le ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, a jugé important de préciser qu'« il ne s'agit pas d'un deuxième plan de soutien à la relance économique, mais plutôt d'un plan de consolidation de la relance économique ». Une consolidation que le Conseil national économique et social (CNES) a recommandé au gouvernement en suggérant de mettre un montant plus important que celui des 525 milliards dinars du premier plan triennal 2001-2004. « La nécessité d'un plan à moyen terme pour consolider la croissance et remettre à l'ordre du jour, les grands chantiers des travaux et des réformes économiques est un impératif, si on ne veut pas perdre les dynamiques sectorielles qui se sont développées à la faveur du PSRE (plan de soutien à la relance économique, ndlr) et du pnda (plan national de développement agricole, ndlr) ». Pourra-t-on éviter les erreurs du passé dans la conduite de ce programme de développement ? Benachenhou avait, se souvient-on, reconnu « une absence de maturation des projets ». Le pari reste ainsi de convaincre, à tous les niveaux décisionnels, de dépenser utile, de hiérarchiser les priorités en fonction des besoins réels dans tel ou tel secteur. Pour un certain nombre d'économistes, l'augmentation de la dépense publique ne signifie pas forcément une relance économique. Un avis que partage l'économiste Djamel Benbelkacem, dans une contribution à El Watan. Pour lui, « on perçoit immédiatement dans le cas de l'économie algérienne que la politique de relance de l'activité économique par l'augmentation des dépenses publiques ne débouche principalement que sur un supplément de dotation du pays en infrastructures de base (ce qui est positif en soi), donc de l'activité du secteur du BTPH et... en augmentation des importations de biens ! (en inflation si nos capacités d'importation étaient limitées) ». La faiblesse de notre tissu industriel privé et l'atonie du secteur public interdisent, précise-t-il, à « l'offre domestique de biens et services de répondre à une augmentation de la demande ». L'économie algérienne a besoin « d'une politique économique qui débouche sur une augmentation de l'offre de biens et services ayant une valeur internationale de préférence et non d'une relance de l'activité qui ne débouche que sur une relance... des importations et une excroissance des services qui leur sont liés », indique l'économiste. Réussira-t-on ainsi à doter ce programme d'une vision stratégique qui a manqué outrageusement, selon nombre d'experts, au premier plan de relance économique ? A ce propos, le président de l'Eximbank, Philip Merril, lors de sa visite à Alger en juillet dernier, a estimé qu'il y a une opportunité pour l'Algérie de devenir « une force économique non seulement en Afrique mais dans le monde. Cela dépendra de la façon dont l'Algérie utilisera ses ressources ».