C'est avec son monologue Khabat Kraou, légèrement revisité, actualité oblige, que le comédien Hakim Dekkar a choisi de faire son come-back à Constantine après une absence d'une dizaine d'années. Deux spectacles programmés à l'initiative de l'association Numidie-arts au Théâtre régional de Constantine vendredi et samedi passés, ont suffi à Hakim pour renouer avec un public constantinois longtemps sevré, il est vrai, de ce genre de spectacles et, surtout, avide de rire. Il suffisait de voir, ou plutôt entendre s'esclaffer un public, jeune en majorité, au moindre calembour ou jeu de mot de l'artiste pour se rendre compte de l'immensité du désert culturel qui caractérise la ville de Constantine. Pour revenir au One-man-show, il faut reconnaître que celui-ci n'a pas pris une ride. Dans cette satire de la société algérienne où l'artiste n'épargne personne, dans un style qui reste néanmoins politiquement correct l'on rit franchement des tirades savamment distillées par Hakim Dekkar. Sans vraiment s'engager dans le chemin tortueux d'une dénonciation franche des maux qui minent la société algérienne, le comédien s'est quand même permis au détour de quelques répliques d'écorcher certains hommes politiques mis sous les feux de la rampe récemment pour des affaires de corruption. Et même un sujet tabou comme la transition politique au sommet de l'Etat a été abordé. En filigrane, faut-il le préciser, mais il fallait oser. Bref, c'est à un spectacle bien rodé que le public constantinois a été convié. Tous les ingrédients étaient réunis pour passer un bon moment en compagnie de Hakim Dekkar.