La marche des chômeurs de Ouargla a finalement été réprimée au barrage fixe de police qui régule le passage vers la zone pétrolière de Hassi Messaoud à quelque 25 km du chef-lieu de la wilaya de Ouargla, dans la commune de Aïn Beïda. «Nous avons été arrêtés au barrage après une longue et pénible marche de 3 heures», nous a confié Tahar Belabess à son retour de Aïn Beïda. Le rassemblement a commencé vers 10h devant la mairie, plusieurs centaines de chômeurs se sont regroupés sur la placette pour attendre le wali qui devait présider les festivités. Le cortège officiel a donc évité la placette et les seuls officiels auxquels ont eu droit les chômeurs sont les députés Habib Korichi et Mohamed Daoui qui se sont enfin solidarisés avec eux après que plus de 70 aient été présentés devant la justice depuis le début de l'année 2013. Tahar Belabess, essoufflé, le teint basané par un soleil de plomb, semblait déçu par ce nouveau rendez-vous raté avec les autorités locales qui, comme d'habitude, ont préféré éviter le confrontation directe avec les concernés. C'est d'ailleurs pour cette raison que les chômeurs ont préféré laisser la wilaya derrière eux non sans y avoir déposé la même plateforme de revendications soumise aux gouvernements successifs depuis 2004, sollicitant en premier lieu une véritable transparence dans le traitement des offres d'emploi du secteur pétrolier, de soumettre les multinationales au droit algérien, demander des comptes aux différents responsables qui ont poussé la situation au pourrissement depuis presque une décennie, donner une priorité absolue aux demandeurs d'emploi locaux, la mise en place de formations professionnelles aux métiers du pétrole et pour la première fois une exigence au lourd sens : la renationalisation des hydrocarbures 42 ans après celle effectuée par le défunt Boumediène. Pour le porte-parole du Comité national de défense des chômeurs, «les pouvoirs publics doivent en priorité assurer un emploi stable à tous, mettre à contribution les chômeurs dans la commission de l'emploi installée par l'APW et limoger les actuels responsables de l'emploi qui nous poursuivent en justice surtout Berrihane Mohamed, le régional, qui se targue d'avoir la justice dans la poche parce que son épouse est juge». Les chômeurs estiment qu'un véritable sursaut est plus que nécessaire pour éviter le chaos, de vrais investissements, un nouveau 24 février parce qu'ils pensent que la nationalisation est un leurre et que ce sont les mêmes qui en profitent. La marche des chômeurs a atteint le barrage fixe de Hassi Messaoud vers 13h, plusieurs centaines de chômeurs, une marée humaine opaque sur 3 km à pied, à moto, à bicyclette et en voiture au moment où les CRS dotés de plusieurs camions antiémeute faisaient barrage, empêchant les marcheurs de dépasser le barrage de police. Les protestataires ont été bloqués jusqu'à 15h, menacés de gourdins, contraints à rebrousser chemin au moment où plusieurs marches étaient organisées à Alger, Metlili, El Goléa, El Bayadh, Tamanrasset, Illizi et Laghouat, selon Tahar Belabess qui annonce d'ores et déjà que les chômeurs vont retourner à leurs bases et organiser une rencontre pour préparer une nouvelle offensive. Ce dernier doit par ailleurs être jugé le 26 février simultanément à 6 autres délégués des chômeurs de la wilaya de Laghouat qui sont emprisonnés en ce moment.