Le rapport insiste sur le fait que la persistance de la prédominance du marché parallèle des changes sur les transactions en devises pourrait être préjudiciable à la stabilité et à la croissance de l'économie nationale. La prédominance de l'économie souterraine est source de préoccupation pour les pouvoirs publics. Elle suscite aussi l'intérêt des institutions de Bretton Woods. Les experts du Fonds monétaire international (FMI) ont ainsi insisté dans leur rapport établi au titre des consultations menées au titre de l'article IV et publié cette semaine sur l'effet néfaste du secteur informel et plus particulièrement du marché parallèle des changes. Si certains y trouvent leur compte, comme l'a souligné il y a quelques mois le ministre de l'Intérieur suscitant de vives réactions, d'ailleurs, le préjudice que font subir les cambistes de Port-Saïd et des arrière-boutiques à l'économie nationale suscite l'inquiétude. Sur ce point justement, le consensus unit les experts du FMI et les pouvoirs publics algériens. Ainsi, le rapport de vendredi insiste sur le fait que la persistance de la prédominance du marché parallèle des changes sur les transactions en devises pourrait être préjudiciable à la stabilité et à la croissance de l'économie nationale. L'institution de Bretton Woods met en avant l'existence d'un marché officiel des changes contrôlé, lequel «offre une gamme complète de services ainsi que l'accès aux devises pour les transactions courantes». Cependant, cela semble insuffisant dans la mesure où le marché parallèle s'assure une certaine attractivité grâce à une «prime élevée» par rapport au taux de change officiel et à une «demande insatisfaite» sur le marché officiel. Et cela pour diverses raisons. Une situation à laquelle le FMI propose de remédier via quelques pistes. Le staff de l'institution de Bretton Woods recommande ainsi l'unification des marchés des changes (officiel et parallèle), notamment en mettant en œuvre «le projet des autorités algériennes d'augmenter les plafonds du Forex pour les voyageurs». Autrement dit, revoir à la hausse l'allocation devises, en discussion depuis près d'une année au niveau de la Banque d'Algérie, mais qui, pour l'heure, n'a pas encore abouti. Le FMI considère, dans ce sens, que l'allocation devises en Algérie est la plus faible de la région et préconise aux pouvoirs publics algériens de faire en sorte que celle-ci soit amenée à des «niveaux réalistes». 75% des transactions échappent aux banques Le staff du FMI plaide aussi pour des facilitations en faveur des exportateurs afin de céder une partie du chiffre d'affaires des exportations hors hydrocarbures réalisé bien entendu en devises et une réduction des dépôts de facto obligatoires en devises, afin de contribuer à la création d'un marché secondaire des changes et contribuer au développement du marché des changes, d'un côté, et d'encourager la diversification des exportations, de l'autre.A terme, l'institution de Bretton Woods plaide pour une levée progressive des restrictions sur le compte capital à envisager. Autrement dit, une levée du contrôle des changes qui, pour l'heure, est écartée par les pouvoirs publics étant donné que l'essentiel des recettes en devises résulte de la seule exportation des hydrocarbures. Il faut aussi noter que la problématique du marché informel est plus profonde et plus multiforme qu'elle ne paraît, étant donné que ce secteur qui freine le développement de l'activité économique en Algérie emploie près de la moitié de la population active. D'ailleurs, le ratio de la monnaie en circulation par rapport à la masse monétaire M2 représenterait, selon le FMI, 75%. Donnée qui indique qu'une part importante des transactions sont effectuées en dehors des systèmes de paiement formels. A ce titre, plusieurs facteurs aidant au développement de l'informel sont mis à l'index, comme les prélèvements fiscaux jugés élevés, la lourdeur des procédures pour la création d'entreprises, le coût de l'emploi ainsi que la qualité de la législation et des institutions. Autant d'éléments à méditer pour les autorités qui se limitent pour l'heure dans une chasse aux marchands ambulants !