Même si l'élimination d'Abou Zeïd et de Mokhtar Belmokhtar, les deux principaux représentants d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) au Sahel, est toujours en attente d'une confirmation officielle et surtout de preuves, il apparaît néanmoins que les éléments des forces spéciales françaises, appuyés par des unités de l'armée tchadienne, sont en train de remporter des batailles décisives contre les groupes djihadistes qui ont fait du nord du Mali leur sanctuaire. Jusque-là très discret concernant le bilan de l'opération Serval, le chef d'état-major des armées françaises, l'amiral Edouard Guillaud, est, en tout cas, apparu hier amplement satisfait du travail accompli par ses hommes depuis le 11 janvier dernier, date de l'intervention militaire française dans l'Azawad. Dans une déclaration faite sur Europe 1, le responsable français a ainsi affirmé qu'«une organisation industrielle du terrorisme» avait été découverte au nord-est du Mali, où Français et Tchadiens sont en train de «casser les reins» d'AQMI. Sur le terrain, «nous découvrons littéralement une organisation industrielle du terrorisme», a indiqué l'amiral Edouard Guillaud, citant «plus d'une cinquantaine de caches dans des maisons, des hangars ou des grottes, plus d'une dizaine d'ateliers de fabrication y compris de bombes dans un des ateliers» et «vingt bombes artisanales» fabriquées «simultanément». Interrogé sur la mort d'Abou Zeïd annoncée par l'état-major de l'armée tchadienne, l'amiral Guillaud a, en revanche, répondu : «C'est probable, mais ce n'est que probable.» «Nous ne pouvons avoir de certitude pour l'instant parce que nous n'avons pas récupéré le corps», a-t-il ajouté, sans néanmoins exclure une telle possibilité. Concernant l'autre chef djihadiste Mokhtar Belmokhtar, également donné pour mort par les Tchadiens, le responsable militaire français s'est contenté de dire qu'il était «d'une extrême prudence». En revanche, le chef d'état-major des armées françaises a livré une information qui peut s'avérer importante. Il a révélé, en effet, que parmi les terroristes abattus ces dix derniers jours dans le massif des Ifoghas figurent «au moins un chef (…), celui qu'on appelle l'émir du grand Sahara et d'autres qui sont les patrons de la logistique». L'amiral Guillaud fait-il allusion au chef d'Abou Zeïd, Yahia Abou Hammam, l'«émir» de la région du Sahara ? Fort possible, d'autant que c'est aussi dans cette partie du Mali que ce Yahia Abou Hammam a établi sa principale base. AQMI a, pour sa part, confirmé la mort d'Abou Zeïd mais démenti celle de Mokhtar Belmokhtar. Cette confirmation a été faite hier, par un membre de cette organisation djihadiste à l'agence mauritanienne d'information en ligne Sahara Medias.