Le Conseil national de l'immigration (CNI) et le Mouvement citoyen algérien en France (MCAF), deux associations d'Algériens en France, ont déposé une plainte contre l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, et plusieurs autres responsables algériens pour «détournement de fonds publics et blanchiment d'argent». Contacté par El Watan, le président du MCAF, Omar Aït Mokhtar, explique. Paris. De notre correspondant
Le scandale de corruption dit Sonatrach 2 n'a pas laissé les Algériens de France indifférents. Les millions de dollars détournés par des responsables algériens et italiens ont donné la nausée à de nombreuses associations. On peut citer, entre autres, le Conseil national de l'immigration (CNI) et le Mouvement citoyen algérien en France (MCAF). Les deux associations reprochent à ces responsables d'avoir acquis des appartements de haut standing avec l'argent du contribuable algérien. Elles se sont également portées partie civile au tribunal de Milan, en Italie. Les deux associations ont déposé, le 25 février dernier, une plainte contre certains anciens responsables algériens, à leur tête Chakib Khelil, ex-ministre de l'Energie et des Mines, et Farid Bedjaoui ainsi que des personnes de leur entourage, «pour blanchiment d'argent et détournement de fonds publics appartenant au peuple algérien». Contacté par El Watan, Omar Aït Mokhtar, président du MCAF, a estimé que le but de cette démarche est de savoir d'où vient l'argent avec lequel les Khelil, Bedjaoui et compères ont acquis des appartements somptueux dans des quartiers chics de Paris, comme la rue Foch ou le Faubourg Saint-Honoré… «Il y a un clan au sein du pouvoir algérien qui a dilapidé les richesses de l'Algérie. Naturellement, nous demandons à la justice française d'ouvrir une enquête pour déterminer les conditions d'acquisition de ces biens. Nous soupçonnons que l'origine de ces fonds douteux proviennent de pots-de-vin versés pour des marchés passés entre Sonatrach et des entreprises européennes et canadiennes.» Et d'ajouter : «Nous demandons également à la justice de geler les avoirs bancaires des personnes impliquées dans cette grosse affaire de corruption.» Par ailleurs, le président du MCAF a indiqué qu'il a pris contact avec plusieurs députés français et européens pour les sensibiliser sur cet ultime fait de corruption, dont sont victimes les Algériens. «Nous avons contacté Eva Joly, Noël Mamère, José Bové et Daniel Cohn-Bendit. Tous nous ont assuré qu'ils feront de leur possible pour que la justice française se penche sur ces cas de blanchiment d'argent, d'autant plus que les faits se déroulent sur le territoire français», a expliqué Omar Aït Mokhtar par téléphone à El Watan. Ce dernier a ajouté qu'il disposait d'une liste fiable et secrète, dans laquelle sont recensés tous les noms de hauts responsables algériens possédant de luxueux pied-à-terre dans les beaux quartiers de Paris. Des appartements acquis avec l'argent des Algériens. Concernant Chakib Khelil, les deux associations comptent adresser un courrier au Congrès américain pour attirer son attention sur les faits graves de corruption reprochés à l'ancien ministre qui, semble-t-il, est également citoyen américain. Enfin, et parallèlement à l'action juridique menée en France, le CNI et le MCAF se sont également constitués partie civile au tribunal de Milan (Italie), qui a ouvert, lui aussi, une enquête pour corruption et détournement de fonds. «Dans le cadre de cette plainte, nous avons été reçus par le service juridique de l'ambassade d'Italie en France. Il nous a expliqué le déroulement des procédures et transmis des documents à remplir», a confié Omar Aït Mokhtar, qui a juré d'aller jusqu'au bout des choses. Il devrait même être présent à Milan lors de l'ouverture du procès, dans lequel sont impliqués également des responsables italiens.