Dimanche soir, bien avant l'entrée en scène des artistes programmés, les gradins du CASIF sont déjà bien remplis. Les enceintes diffusent de la bonne musique : du gnawi, du R&B et du hip-hop. ne vingtaine de jeunes rappeurs investissent la piste accomplissant de superbes performances et offrant au public un véritable spectacle, à la lumière des projecteurs. A 22h30, on annonce le début du concert. DJ E-Rise s'installe à sa console, idem pour le guitariste et le bassiste. Et son coauteur chauffe la foule avant l'entrée en scène d'un Singuila majestueux. Une grande partie du public débarque sur la piste. Essentiellement des jeunes de moins de 25 ans, quoi qu'on aperçoit quelques dissidents la trentaine largement entamée. Singuila, Français d'origine congolaise, est décidé à réussir son show et il y parvient. Les jeunes, déchaînés et concentrés sur leurs mouvements de danse et l'ambiance entraînante, ne captent pas les paroles du chanteur, qui frôlent souvent le sexisme. Fever ! Mais Singuila l'avait déjà expliqué lors de nombreuses interviews, ce n'est que de la colère vis-à-vis d'une femme qui l'a largué ! Mais il n'est pas pour autant un méchant, et comme il le dit dans l'une de ses chansons en patois zaïrois, Mibalélacapé, ce qui signifie « les hommes pleurent aussi ». Bref, c'est un sensible quoi ! D'ailleurs, il semble particulièrement apprécier le public algérois et ne se prive pas des One, two, three, viva l'Algérie et des Alger c'est chaud !. Et Singuila ne s'arrête pas au R&B et au hip-hop, il incluse également du rock et un peu d'oriental, au grand bonheur de l'assistance. En tout et pour tout, près d'une heure de concert, pour Singuila qui cède la place à la musique du soleil, avec le groupe Magic System, dont les quatre membres font une entrée fracassante. Le groupe ivoirien est tout aussi enthousiaste que son prédécesseur. Asalfo, Goudé, Tino et Manadja affirment que le public algérois est extraordinaire, il faut préciser que la veille, ils étaient en concert en Tunisie ! Ambianceurs ! Entre les rythmes africains et les sonorités zook, leur musique est un concentré de soleil qui éclabousse cette soirée pleine de surprises. L'incontournable Premier Gaou est littéralement dévoré par le public. Premier Gaou est la chronique d'un amant qui refuse de jouer les « gnata », au dépens de sa petite amie plutôt sensible au volume du porte-monnaie. Les autres titres du groupe ivoirien traitent des thèmes de leur environnement socioculturel : la délinquance juvénile, l'avortement, les conflits ethniques... bref, tous les problèmes brûlant qui secouent le vieux continent. Après avoir bien secoué les nombreux jeunes de la piste, Mohamed Lamine, qui rejoint le groupe, les achève avec Un Gaou à Oran, un titre phare de l'album-compilation Raï'N'B Fever. Le titre sera chanté et rechanté plusieurs fois, tant à la demande du public que sur la volonté de Magic System et de Mohamed Lamine. Mais la soirée ne se terminera pas en queue de poisson. Tous sur la scène : Singuila, ses musiciens, son coauteur et DJ E-Rise rejoignent les autres pour finir de mettre le feu dans les esprits de l'assistance. Une bonne demie heure d'impro et de symbiose avant de céder la scène au DJ. Celui-ci semble avoir tout saisit. Il choisit les meilleurs morceaux de R&B que les jeunes accueillent avec un enthousiasme quasi démesuré. La soirée ne s'achève que vers 2h 30, avec un arrière-goût de soleil et de tropiques plutôt agréable !