L'entrée principale de l'ex-siège de la banque centrale d'Algérie (BCA), situé au cœur de la capitale des Hauts-Plateaux, est depuis de longs mois squatté par un SDF. Ce dernier a fait de deux ou trois marches des escaliers son gîte. Faisant office de couvertures et toit, des cartons «ornent» l'espace clochardisé. Un tel spectacle n'offusque personne, notamment les services sociaux et les responsables d'une aussi belle et majestueuse bâtisse héritée de l'ère coloniale. Abandonné à un triste sort, l'ex-siège de la BCA allait, selon certaines informations, être un centre de formation de banquiers. Le projet est, paraît-il, tombé à l'eau. Le bâtiment, un joyau architectural qui avait, dans un passé lointain, rendu d'énormes services aux citoyens, administrations et opérateurs économiques de toute la région, en pâtit. Dire que sa belle façade gardant encore et toujours sa superbe, embellit le cœur de l'artère principale d'une cité aveuglée. Les responsables de la commune, de la direction de l'action sociale (DAS) et de la banque publique qui ont remarqué le manège portant préjudice à un patrimoine, vont-ils réagir pour redorer le blason de ce bien collectif ? Interrogés sur la question, de nombreux citoyens s'indignent et pointent du doigt l'administration, ne faisant à leurs yeux rien pour venir non seulement en aide à ces personnes vulnérables, mais pour éliminer ces lugubres décors portant un sacré coup à l'esthétique du centre-ville. «Le squat de l'entrée de l'ex-siège de la BCA ne méritant pas un tel sort, ne date pas d'hier. Les responsables qui sont pourtant au courant, laissent faire. Avec une telle approche, on encourage la clochardisation de la cité délaissée par ses propres enfants, ne faisant rien pour mettre un terme à des spectacles aussi navrants», soulignent, non sans un pincement au cœur, des anciens, déboussolés. Pour connaître la position de l'administration, nous avons pris attache avec les différents intervenants. «Chaque nuit, nos équipes sillonnent les rues de l'agglomération pour porter assistance et secours aux SDF que nous invitons à joindre nos centres d'accueil où ils sont, à tout point de vue, pris en charge. Concernant le cas de l'individu squattant l'espace précité, il a été délogé une fois. Cette personne qui se montre à chaque contact agressive, ne veut ni plus ni moins qu'un logement, ce qui n'est pas de notre ressort », dira le DAS, qui a bien voulu nous répondre. Contacté pour le même sujet, le Dr Nacer Ouahrani, le P/APC de Sétif, abonde dans le même sens : « Ce cas nous interpelle tous. Nous devons lui trouver une solution car on ne doit plus fermer l'œil sur le squat d'un bien public situé, de surcroît, au cœur de la cité.» Nous avons par ailleurs tenté de joindre le directeur de la BCA, propriétaire de l'espace délaissé, en vain.