L'historienne de l'immigration, Naïma Yahi, lance un site pédagogique sur l'histoire de la guerre d'indépendance, un outil qu'elle entend mettre à la disposition des enseignants et des élèves. C'est le fruit de la collaboration entre Pangée Network et la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. -Pourquoi ce portail «Mémoires algériennes» ? Dans le contexte du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, ce portail entend mettre en avant l'histoire de la guerre d'indépendance et instaurer un dialogue des mémoires des acteurs, témoins, écrivains et artistes. «Mémoires algériennes» recense de nombreuses ressources disponibles sur ces thématiques. Il est né d'un constat assez simple : les enseignants n'avaient pas en France les outils pour enseigner l'histoire et les mémoires de la guerre d'indépendance, et c'est une collaboration fructueuse entre notre association Pangée Network et l'équipe de la pédagogie de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration placée sous la responsabilité de l'historienne Peggy Derder, qui a permis au projet de voir le jour. -A quel public s'adresse-t-il ? L'intérêt pour l'histoire et les mémoires de la guerre d'indépendance algérienne est toujours aussi vif en Algérie qu'en France, et pas seulement pour les algérophiles et les passionnés d'histoire. Après de nombreuses occultations, des polémiques, des nouvelles publications, nous proposons des synthèses, des débats, des interviews accessibles à tous. Au sein des ressources disponibles, nous mettons donc en ligne des outils pédagogiques pour les enseignants et leurs élèves. Nous espérons aussi que les étudiants, les chercheurs et tous ceux qui travaillent sur ces sujets s'approprient «Mémoires algériennes» et en fassent un outil de transmission avec des articles, des synthèses, des interviews, etc. De manière plus prosaïque, le site s'adresse au grand public qui souhaite s'informer sur le sujet, et prendre connaissance de témoignages de vie comme de présentation de travaux de recherche. -Comment allez-vous alimenter le site ? L'équipe de «Mémoires algériennes» a une bonne connaissance de ces sujets et propose des articles inédits et des synthèses historiques. Nous avons également réalisé des interviews de témoins, d'historiens, d'écrivains qui nous offrent leur vision de l'Algérie d'hier et d'aujourd'hui. Nous avons recueilli auprès de plusieurs partenaires institutionnels ou de particuliers des archives et des photographies dont beaucoup sont tout à fait méconnues. Notre ambition, bien sûr, est de pouvoir accueillir les contributions scientifiques comme les témoignages des Algériens pour nourrir les contenus du portail. Dans quelques semaines, le portail va être placé sous la responsabilité d'un comité scientifique présidé par le professeur Benjamin Stora. Cela permettra au portail d'évoluer sous les meilleurs auspices, grâce au comité qui devra faire toute la place aux grands historiens algériens qui n'ont eu de cesse d'enrichir la connaissance et l'historiographie de la guerre d'indépendance algérienne. -Qui sont les personnes qui collaborent à ce site ? Allez-vous développer des partenariats ? La Cité nationale de l'histoire de l'immigration a apporté un concours très fort à ce projet par ses compétences, son expertise et ses ressources au site, en particulier celles de son exposition «Vies d'exil 1954-1962. Des Algériens en France pendant la guerre d'Algérie» dont le commissariat fut assuré par Benjamin Stora et Linda Amiri. Cette exposition est d'ailleurs présentée à la Cité jusqu'au 19 mai 2013. Je la recommande chaudement à vos lecteurs. D'autres partenaires comme l'INA avec ses archives audiovisuelles, la BDIC avec ses fonds historiques, l'association Autour du 1er Mai pour le cinéma contribuent aux contenus du site. C'est grâce au concours financier de la DAIC que le site a pu voir le jour. Mais nous souhaitons évidemment développer d'autres partenariats, et notamment avec les universités comme les associations algériennes. Des historiens comme Emmanuel Blanchard, Alain Ruscio ou Rosa Moussaoui, des écrivains tels Akli Tadjer ou Mabrouck Rachedi, des réalisateurs comme Mehdi Lallaoui ont déjà accepté de nous éclairer. Le portail est bien sûr évolutif et s'enrichira de nombreux contenus. J'invite vos lecteurs à venir faire un tour sur le portail. Celui-ci est interactif et aussi c'est avec beaucoup d'humilité que nous abordons toute la complexité comme l'importance de l'histoire de la guerre d'indépendance, et les remarques constructives comme les contributions sont les bienvenues. Site Internet : http://memoires-algeriennes.com/