Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères trouve «spécieuses et caricaturales» les déclarations de Benkirane. La campagne de dénigrement ciblant l'Algérie, engagée voilà près d'un mois par le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, a connu dimanche un nouveau pic. Invité de l'émission «Hiwar maâ kibar», diffusée samedi soir par une chaîne de télévision publique jordanienne, M. Benkirane a rendu responsable l'Algérie du retrait du Maroc de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), l'ancêtre de l'Union africaine (UA). Comment ? En soutenant, dit-il, «une position inacceptable attentant à l'intégrité territoriale du Royaume». Bien évidemment, l'allusion est ici faite à la position adoptée par l'Etat algérien à l'égard du dossier sahraoui. Visiblement très inquiet des conséquences du forcing fait par l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, Christopher Ross, pour trouver un épilogue au conflit qui respecterait le droit des Sahraouis à l'autodétermination, le Premier ministre marocain semble ainsi s'être fixé comme objectif prioritaire de trouver des arguments susceptibles de lui permettre d'impliquer l'Algérie dans le conflit du Sahara occidental. En panne d'arguments sérieux, le responsable marocain ne semble pas avoir trouvé mieux que de reprocher aux Algériens de soutenir justement le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, droit reconnu par ailleurs par de nombreuses résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans la foulée, il a également fait part de la position intransigeante de l'Algérie à l'égard de l'intégrité territoriale du Maroc, soulignant que les Algériens savent pertinemment que «le Sahara est marocain». Au chapitre des relations algéro-marocaines, Abdelilah Benkirane – dont le gouvernement est actuellement décrié par la société marocaine en raison de son incapacité à juguler la crise économique qui frappe le Maroc de plein fouet – est également d'une extrême virulence. Occultant volontairement les raisons qui ont conduit à la fermeture de la frontière entre les deux pays et les conditions posées par Alger à sa réouverture, il a ainsi regretté l'existence d'une «logique d'hégémonie en Algérie, qui veut que ces relations soient toujours tendues». Poussant la provocation jusqu'à son comble, M. Benkirane a soutenu que «pour Alger, le Sahara est une question de régime, alors que pour Rabat, il s'agit de l'affaire de toute une nation». Questionné hier sur les déclarations du chef du gouvernement marocain, le porte-parole du ministre algérien des Affaires étrangères, Amar Belani, qui semblait las de se répéter, a souligné : «Je ne peux que confirmer ce que j'ai déjà déclaré au sujet du caractère réducteur, spécieux et caricatural de ce genre de propos qui visent à cultiver la confusion et la diversion et polluent inutilement le climat des relations algéro-marocaines.» M. Belani a rappelé en outre que lors de la visite du secrétaire général du MAE marocain à Alger, la délégation marocaine avait mis pourtant en exergue «la volonté claire et sincère des hautes autorités marocaines de renforcer les relations entre nos deux pays en vue de construire un modèle de coopération fondé sur le respect mutuel, le bon voisinage et la coopération la plus renforcée possible et dans tous les domaines». Aussi, explique-t-il, la multiplication de ce type de déclarations ne va assurément pas dans ce sens. S'agissant de la question du Sahara occidental, M. Belani a fait savoir une nouvelle fois que «ce n'est ni un différend régional ni le résultat d'une prétendue logique d'hégémonie et encore moins une question bilatérale algéro-marocaine, comme on essaye de le faire accroire». «La référence incongrue au ‘régime' algérien est inconvenante car, je le dis haut et fort, il s'agit de la position de l'Etat algérien qui réaffirme avec force son attachement à la légalité internationale et à l'application ferme de la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation et son soutien aux efforts de la communauté internationale en vue de la promotion d'une solution fondée sur l'autodétermination du peuple sahraoui», a indiqué le porte-parole du ministre algérien des Affaires étrangères.