Le chef du gouvernement marocain, l'islamiste Abdelilah Benkirane, a salué dimanche le "courage" de la France au Mali et déploré le manque de coopération entre pays de la région dû, selon lui, au non règlement du conflit au Sahara occidental, dossier qui oppose Rabat à Alger. "Je dois le reconnaître, la France a eu le courage" d'intervenir au Mali, a déclaré M. Benkirane, à qui l'on demandait si le Maroc soutenait toujours Paris dans ce dossier, lors d'une interview pour RFI, TV5 et le quotidien Le Monde. "Sa majesté (le roi, ndlr) m'a chargé de lire un texte devant les chefs des Etats islamiques pour saluer, entre autres, l'action tranchée de la France", a-t-il ajouté durant cet entretien diffusé par la radio marocaine Atlantic. La première déclaration publique de soutien du Maroc à l'action menée par Paris contre les groupes islamistes armés au Mali avait été le fait du ministre de l'Intérieur, Mohand Laenser, qui n'appartient pas au parti islamiste Justice et développement (PJD). Le 25 janvier, M. Laenser l'avait qualifiée d'"opportune" et "pertinente" alors que, quelques jours plus tôt, des dignitaires salafistes marocains avaient fustigé une "croisade". "Notre position (envers l'intervention française, ndlr) a été tranchée, elle continue à être la même", a pour sa part conclu Abdelilah Benkirane. D'après lui, cette intervention de Paris est en outre une conséquence du manque de coopération entre les pays de la région. "Je parle de l'Algérie, du Maroc, de tous les pays qui sont aux alentours, a-t-il précisé (...). C'est d'abord notre responsabilité." "Si on avait pu trouver une solution entre nous et nos frères algériens concernant l'affaire du Sahara, on coopèrerait beaucoup mieux et on serait capable tous les deux de résoudre ces problèmes", a-t-il poursuivi. Avec la situation au Sahel, "nous sommes devant des conditions stratégiques qui font qu'on devrait laisser tomber tout ça", a-t-il plaidé. "Tout le monde sait (...) que le Sahara est Marocain et que, dans le cadre de (l')autonomie, on pourrait trouver une solution. Si l'Algérie décide de régler ce problème, en une journée c'est réglé", a fait valoir M. Benkirane. Ex-colonie espagnole, le Sahara occidental est contrôlé par le Maroc qui propose une large autonomie sous sa souveraineté. Mais les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l'Algérie, réclament un référendum d'autodétermination. Ce différend entre Rabat et Alger -dont les frontières communes sont fermées- entrave de longue date la mise en oeuvre de l'Union du Maghreb arabe (UMA).