Douze réfugiés palestiniens du camp de Choucha (frontière tuniso-libyenne) observent une grève de la faim depuis le 17 mars dernier. Ils dénoncent une discrimination qui les prive de bénéficier de leur statut de réfugié. Les 22 Palestiniens dans le camp de Choucha depuis mars 2011 sont, certes, reconnus comme réfugiés statutaires par le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). Toutefois, cette reconnaissance ne leur donne aucun droit sur le sol tunisien, du moment qu'il n'y a pas en Tunisie de loi accordant aux réfugiés les mêmes droits que les autochtones. Ce n'est pas d'ailleurs l'unique expression de cette discrimination. Une décision antérieure de la Ligue arabe concernant les réfugiés palestiniens complique la situation de ce groupe venu de Libye début 2011. Ladite décision prive les Palestiniens du droit de s'installer définitivement sur les territoires arabes de transit, et ce, pour ne pas perdre le droit au retour, réclamé par le peuple palestinien et refusé par les sionistes. Par ailleurs, le problème du passeport rend ingérable la situation des Palestiniens qui, en l'absence d'un Etat, se retrouvent privés de ce document pour se rendre dans d'autres pays ou retourner en Palestine. Ainsi, «par opposition aux autres réfugiés, la seule issue offerte aux Palestiniens reste la réinstallation dans des pays dotés de systèmes d'asile et pouvant leur assurer une protection internationale», précise le Forum pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Discrimination C'est en raison de ce blocage dans leur situation juridique que 12 éléments parmi les 22 réfugiés palestiniens de Choucha ont entamé cette grève de la faim. Du côté du camp de Choucha, les organisations humanitaires reconnaissent que les aides internationales ont permis d'entretenir ce camp durant plus de deux ans. Les Palestiniens s'estiment toutefois lésés et ciblés par des mesures discriminatoires en raison de leur nationalité, aussi bien dans l'accès aux services du camp que, surtout, dans le bénéfice de la réinstallation dans les pays européens ou en Amérique du Nord. Les Palestiniens demandent aux organisations internationales, notamment le HCR, de réexaminer leur dossier afin qu'ils bénéficient d'une réinstallation dans des pays dont les législations protègent les réfugiés, mais pas en Tunisie où ils risquent d'être malmenés, en l'absence de lois adéquates. Contacté par téléphone, Jamel, un des réfugiés palestiniens du camp de Choucha, assure que le groupe va poursuivre sa grève de la faim jusqu'à la satisfaction de ses revendications. Il s'insurge contre la discrimination du moment que les 22 réfugiés palestiniens avaient fui la Libye en mars 2011 avec d'autres personnes de nationalités différentes. Mais, «alors que les autres ont pu bénéficier de la réinstallation, les Palestiniens ont été exclus de ce droit. Pourtant, les pays signataires de la convention sur la reconnaissance des réfugiés ont accepté de réinstaller toutes les personnes qui sont arrivées au camp de Choucha entre mars et novembre 2011», s'indigne-t-il. Il ne suffit pas que les Palestiniens subissent une injustice à l'échelle internationale, ils peinent à bénéficier de leurs droits comme réfugiés statutaires.