Plusieurs centaines de réfugiés ayant fui la guerre de 2011 en Libye risquent d'être livrés à eux-mêmes alors que le camp qui les accueille dans le sud de la Tunisie doit fermer d'ici la fin 2012, ont dénoncé des ONG hier. Le camp de Choucha abrite quelque 2.000 personnes, dont 1.200 doivent être accueillies par des pays tiers. Les 800 restantes ne se sont vues proposer aucune solution durable, relèvent les organisations Boats 4 People et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). «Quel sera leur sort? Personne ne répond à ça, les autorités tunisiennes et le HCR (Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU) se renvoient la balle», a indiqué Abderrahmane Hedhili, président du FTDES lors d'une conférence de presse à Tunis. La situation est aggravée par le fait que la législation tunisienne ne prévoit pas de statut pour les réfugiés. «Pourquoi des pays occidentaux ne peuvent-ils pas les accueillir? Ils ont fui un conflit mené par l'Otan, pourquoi est-ce maintenant un problème pour les accueillir?», s'est interrogé pour sa part Nicanor Haon de Boats 4 People. Les personnes concernées sont pour l'essentiel des ressortissants d'Afrique subsaharienne qui travaillaient en Libye avant le conflit. Si plus de 3000 réfugiés de ce camp ont été ou vont être accueillis dans des pays tiers, ceux qui ont essuyé un refus définitif n'auront plus accès aux services du camp (nourriture, service de santé etc). «Un homme qui a faim est un homme qui a faim. Des violences pourraient éclater dans le camp», a mis en garde Dright Samson, un Nigerian installé à Choucha depuis un an et neuf mois, présent à la conférence de presse. Le HCR assure avoir tout fait pour trouver une solution, mais la réinstallation relève de la souveraineté des pays d'accueil. «Notre objectif n'est pas de les abandonner dans le désert. Nous avons mis en place un programme de retour avec l'Organisation internationale des migrations pour leur payer le billet d'avion (vers les pays d'origine) et leur donner un petit pécule», a souligné Nabil Benbekhti du HCR. La Tunisie a accueilli plus de 300.000 réfugiés fuyant le conflit en Libye qui a abouti à la chute du colonel Mouamar El Gueddafi en août 2011 après l'intervention d'une coalition internationale dominée par les forces de l'Otan. Environ 4000 personnes avaient été installés à Choucha qui a connu des pénuries alimentaires et des affrontements ayant fait plusieurs morts.