Les habitants du lotissement de la Gare menacent de se suicider collectivement si on ne les inclut pas dans le programme des 3000 logements. Plus de 3000 logements sont en cours de réalisation dans la commune d'Ouled Chebel. Le projet, bien accueilli par la population de la commune, s'est vite transformé en une source de problèmes pour les responsables locaux, car aucun quota n'a été octroyé à la commune. En somme, les logements qui sont en cours de construction sont destinés au relogement des habitants des bidonvilles des autres communes de la capitale. Cette situation, qualifiée par les habitants d'Ouled Chebel d'«injuste», est également mal perçue par les autorités locales. «nous avons, dès le lancement du projet, demandé à ce que notre commune bénéficie d'un quota, mais notre demande est restée lettre morte», assure le président de l'APC, Mohamed Bessakhi. La commune, composée de bidonvilles et d'habitations précaires, n'a bénéficié, en trente années d'existence en tant que commune à part entière, que de trente logements octroyés aux habitants dans le cadre du social, ce qui fait une moyenne d'un logement par an. Les habitants des bidonvilles d'Ouled Chebel, particulièrement ceux de la cité de la Gare, menacent de recourir à la protestation dans le cas où ils ne sont pas inclus dans le projet. «Nous sommes prêts, le jour de l'attribution, à nous suicider collectivement devant le siège de l'APC», menace la représentante des 45 familles qui occupent le site, avant d'ajouter : «nous avons déposé des dossiers au niveau de l'APC, dont certains remontent à vingt ans, mais nous n'avons bénéficié d'aucun logement. Sommes-nous des Algériens au même titre que ces relogés, ou sommes-nous considérés comme des étrangers ?», s'interroge-t-elle. Les conditions dans lesquelles vivent ces familles sont indignes d'êtres humains. Le site a des allures de camp de concentration tant il grouille de monde. Les masures qui se détériorent au gré du temps et de ses aléas sont exiguës, et les familles y vivent entassées dans 9 m2. Elles sont dépourvues de toilettes et d'eau courante, l'humidité ainsi que les moisissures rongent le peu de mobilier dont disposent ces familles pauvres. Ces conditions de vie lamentables se sont répercutées négativement sur la santé des occupants du bidonville. «Nous avons un taux élevé de maladies nerveuses et respiratoires dues aux conditions de vie difficiles», assure notre interlocutrice, qui au nom du collectif des habitants lance «un cri de détresse» en direction des pouvoirs publics afin qu'ils se penchent sur leur cas, d'autant que les solutions de rechange existent. Avec l'implantation de 3000 logements sur le territoire de la commune, que peut représenter une centaine de logements attribués à ces laissés-pour-compte ? sûrement une goutte d'eau dans un océan, d'autant plus qu'en 1997 les services de l'APC d'Ouled Chebel ont recensé 350 habitations précaires ; actuellement, ce nombre est passé au double, avec plus de 600 baraques recensées, d'où la nécessité de programmer des opérations de relogement au profit des occupants de ces bidonvilles.