Ce quartier à forte concentration humaine, complètement ghettoïsé, n'a bénéficié d'aucun projet de développement. Routes délabrées, trottoirs défoncés, absence de lieux de loisirs ou de structures sanitaires, et une pollution à grande échelle. C'est ce qui caractérise actuellement le quartier de Chaâb Ersas. Distant d'environ 5 km de Constantine, flanqué au bord d'une route secondaire menant à El Khroub empruntée par les automobilistes pour contourner le dense trafic de la RN3, ce quartier populaire abrite 2500 habitants. Il est constitué de petites habitations entassées les unes sur les autres, où nous retrouvons quelques villas d'aspect assez cossu, bâties sur deux, voire trois étages, auxquelles sont venus se greffer anarchiquement une vingtaine de gourbis donnant ainsi à l'endroit l'aspect d'un ghetto. Un lieu où n'existent ni espaces verts, ni de loisirs et encore moins de terrains où les plus jeunes pourraient évacuer leur trop-plein d'énergie. Le président du comité de quartier, Abdelhak Lachhab, exprime à ce titre le ras-le-bol des habitants. Ces derniers s'indignent parce que rien n'a été fait pour leur quartier, et ce malgré les nombreuses démarches entreprises auprès des services de l'APC. Ils sont unanimes à déplorer la saleté et le laisser-aller dans lesquels est confinée leur cité. Ils dénoncent également l'appropriation illégale des trottoirs par les commerçants qui pour la plupart, font dans la mécanique ou le lavage graissage des véhicules obligeant ainsi les habitants et notamment les écoliers à circuler au milieu de la chaussée. Notre interlocuteur évoque également l'état des routes et celui des lieux de plus en plus dégradé sur le plan de l'hygiène surtout. Il cite pour exemple les bacs à ordures en nombre très insuffisant qui n'arrivent pas à contenir tous les détritus qui s'accumulent et se transforment en festin pour les rongeurs dès la tombée de la nuit. L'éclairage public constitue d'autre part un souci pour les habitants. «Nous avons sollicité à maintes reprises le délégué du secteur urbain de la cité des Mûriers dont dépend notre quartier pour l'installation de l'éclairage public mais à part des promesses nous ne voyons rien venir depuis dix ans. Nous avons également sollicité les autorités pour la construction d'une passerelle sur l'oued Boumerzoug pour désenclaver le quartier et éviter ainsi que les écoliers traversent cet oued pour se rendre à leurs établissements et pouvoir aussi profiter du centre de soins puisque le quartier n'en est pas pourvu, mais jusqu'à ce jour nos doléances sont restées sans suite. Nous vivons pratiquement en marge de la ville de Constantine tant nous sommes ignorés par les autorités locales et nous en payons le prix fort», nous diront avec dépit les représentants des habitants.