Adel Amrouche n'a pas raté son baptême du feu avec le Kenya qu'il dirige depuis peu. Le jeune coach algérien (41 ans), établi à Bruxelles, pur produit de l'école de formation algérienne (ISTS), a franchi une nouvelle étape dans sa carrière de coach qu'il mène depuis plus de 15 ans d'abord en Algérie, ensuite au plat pays et enfin sur le continent, successivement en RD Congo où il a dirigé Motema Pembé avec lequel il a gagné des titres, en Afrique du Sud, au Burundi où il était sélectionneur national, sans oublier son passage en Azerbaïdjan. Adel a roulé sa bosse depuis son départ d'Algérie. Depuis Nairobi, où il se trouve, il brosse son parcours «j'ai commencé ma vie sportive au RC Kouba où j'ai bénéficié de l'enseignement de l'excellent encadrement technique qui existait à l'époque au sein de ce grand club formateur. J'ai gravi tous les échelons au RC Kouba avant de m'orienter vers le métier d'entraîneur après le bac, suivi de 5 années de formation à l'ISTS. Comme joueur, j'ai porté, bien sûr, les couleurs du RC Kouba, de l'USM Alger, de la JS Kabylie et après l'obtention de mon diplôme d'entraîneur, je me suis occupé des jeunes dans différents clubs dont ceux que j'ai cités. A un moment donné, j'ai senti la nécessité d'aller voir ailleurs. C'est-à-dire à l'étranger. J'ai alors posé mes valises à Bruxelles où je suis responsable, jusqu'à présent du département formation au club liégeois tout en étant un cadre technique à la Fédération royale belge de football. Des dirigeants de fédération et de club africains sont venus vers moi et je n'ai pas hésité un instant à m'investir à fond avec eux partout où je suis passé». Son travail sur place n'a pas laissé insensibles des dirigeants africains. Il se souvient «d'une époque où il était extrêmement difficile à un jeune coach d'assumer d'aussi lourdes responsabilités que de diriger de grands clubs (Motema Pembé) ou une sélection comme le Burundi qui était à la recherche d'un coup d'éclat ou d'une stabilité. Je remercie au passage la présidente de la Fédération de football de ce pays de m'avoir fait confiance et soutenu durant toutes les années que j'ai passées à la tête de cette sélection. Le Burundi m'a fait connaître et depuis, je reçois beaucoup de sollicitations de la part de fédérations du continent. La dernière en date est, bien sûr, celle du Kenya. Malgré le fait que sur la short list il y avait quatre autres coaches de grande réputation, notamment deux Européens, la fédération de ce pays m'a choisi pour diriger les Harembee Stars». L'entraîneur algérien n'a pas hésité un seul instant pour plonger et relever le défi proposé. «Le Kenya est un grand pas de football qui est à la recherche d'une reconnaissance qu'il n'arrive pas à obtenir en raison d'une série de résultats en dents de scie. Moi, c'est un challenge qui m'intéressait. J'ai dit au président banco, je suis partant pour votre projet. Après la signature du contrat, il fallait se mettre au travail pour redonner confiance aux supporters. Pour mes débuts à la tête des Harembee Stars, je n'étais pas gâté par le calendrier qui me proposait d'entamer mon mandat avec une double confrontation face au champion d'Afrique en titre, le Nigeria, et qui plus est avec à la clé un match au Nigeria. J'ai bien préparé ce rendez-vous malgré les conditions difficiles auxquelles nous avons fait face dans ce pays. J'ai payé un chef d'établissement à Calabar pour pouvoir disposer d'un petit espace vert pour entraîner mon équipe. Je ne parle pas des ‘misères' subies sur place. Et au final, le Nigeria était tout content d'avoir arraché le nul dans le temps additionnel. A la fin du match, mes joueurs n'y croyaient pas, ne réalisaient pas ce qu'ils venaient de réaliser contre le champion d'Afrique et chez lui.» La presse kenyane a fait état des conditions difficiles dans lesquelles sa sélection s'est préparée au pays des Super Eagles. Le coach algérien revient sur ce chapitre : «En arrivant au Nigeria, j'ai d'abord mis mes joueurs à l'abri de la pression. Dans toutes mes déclarations, je disais que le grand favori de ce groupe, c'est le Nigeria, ce qui n'est pas faux, j'ai avancé que nous étions venus apprendre, que le Nigeria est une grande équipe. Ils avaient l'impression que nous étions venus accomplir une simple formalité. Mais lorsque j'étais avec mes joueurs, je n'arrêtai pas de les motiver, de leur dire que c'est le jour où jamais de prouver que le Kenya n'est pas un faire-valoir. Je les ai gonflés à bloc. Le résultat a dépassé toutes nos espérances.» Adel Amrouche n'oubliera pas cette première sortie à la tête du Kenya pour deux raisons : «La première, c'est mon expulsion injustifiée. L'arbitre zimbabween a tout fait pour me sortir. Il y est arrivé à ses fins, alors qu'il n'y avait absolument aucune raison pour le faire. Ensuite, la seconde, j'ai aligné une demi-douzaine de joueurs locaux qui auparavant n'avaient jamais été titularisés. En fin de partie la ‘vedette' de l'équipe Oliech est venue me dire : ‘Coach, c'est la première fois que je cède ma place en cours de match. J'accepte volontiers mon nouveau statut si on arrive toujours à réaliser une performance comme celle d'aujourd'hui.» La population a réservé un accueil chaleureux à la délégation à son retour au pays. Ce qui fait dire à Adel Amrouche : «Nous avons fait plusieurs heures pour rejoindre le centre-ville tant la foule était nombreuse et surtout heureuse. A ce moment-là, j'ai mesuré l'étendue de ma responsabilité. Ici, les gens croient en moi. Je vais être reçu, ce week-end, par le ministre de la Jeunesse et des Sports, le Premier ministre et probablement par le nouveau président qui vient d'être élu. Je vais résider au Kenya pour mieux travailler et pouvoir superviser l'immense réservoir de joueurs locaux. J'ai programmé une grande tournée à travers le pays pour discuter avec mes collègues entraîneurs pour échanger avec eux, voir les joueurs et préparer des stages ici au Kenya.» Mardi soir, il était devant le petit écran à Nairobi chez un compatriote pour suivre Algérie-Bénin (3-1). Son commentaire sur le match ? «Je retiens la belle victoire des Verts avec 3 buts inscrits et l'accès à la première place du groupe en compagnie du Mali. Dans ce groupe, tout reste à faire et l'Algérie avec son immense potentiel joueurs peut aller au Brésil en 2014. C'est tout le mal que je lui souhaite», conclut le coach algérien qui est bien parti pour inscrire le Kenya dans un parti glorieux.